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Les femmes de pouvoir face au mur du ton

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La voix s’avère souvent un enjeu pour celles qui exercent des responsabilités, notamment pour obtenir l’attention d’un auditoire masculin et asseoir leur crédibilité.
(Dessin Michel Rabagliati pour Libération)
par Anne Diatkine et Michel Rabagliati, dessin pour Libération
publié le 28 janvier 2021 à 17h51

Elle se souvient encore de cette remarque, lancée avec gentillesse, à la manière d'un conseil d'ami : «Il y a un problème avec ta voix.» Sa voix ? Posée et douce, à la diction articulée, dont le souffle suscite la confiance. «Je n'ai pas demandé à mon interlocuteur de préciser la nature de mon problème. Je savais qu'il avait raison. Je me suis interrogée pour déterminer si j'étais prête à adapter ma voix. Mais j'ai perçu cet ajustement comme une modification de ma personnalité.» Fanny Picard, longtemps financière au plus haut niveau dans le secteur des fusions et acquisitions, officiait alors chez Rothschild après avoir travaillé chez Danone et Wendel, et c'était Edouard de Rothschild lui-même qui la prévenait. Après réflexion, elle décide de ne pas modifier ses intonations et sa tessiture. Et de quitter l'univers majoritairement masculin des fusions-acquisitions pour créer dès 2007 Alter Equity, un fonds d'investissement pionnier dans les entreprises écologiquement et socialement responsables. Son objectif : démontrer que le capitalisme peut et doit être responsable, en soutenant des activités et des comportements respectueux de l'intérêt à long terme des êtres humains et de la nature.

On peut changer sa couleur de cheveux, sa silhouette ou mettre