Beau visage vif, silhouette gironde, pas mal d'humour sans doute : «le féminisme doit à mes cheveux blonds quelques succès… Je sais qu'il pense le contraire : il a tort», écrit Marguerite Durand le 1er octobre 1903 dans la Fronde. Une figure de la Belle Epoque, époque qu'elle veut féministe depuis 1896.
Elle a alors 32 ans, est déjà séparée de son mari, Georges Laguerre, avocat et député socialiste, et couvre pour le Figaro le congrès féministe qui va changer sa vie. En 1897, quand elle fonde la Fronde, «journal féminin et féministe», elle s'inscrit dans le mouvement historique du féminisme français. Elle en symbolise une étape, en tout cas, comme les femmes de 1830 et le journal la Femme libre, fondé par trois ouvrières ; celles de 1848 avec la Voix des femmes, celles de 1860 où l'on retrouve l'intellectuelle Maria Deraismes. Et Hubertine Auclert, l'enfant terrible du féminisme sous la IIIe République.
La Fronde ? Radical. Pas de parité, il n'y aura pas un seul homme y travaillant : un seul loup dans la bergerie et il se serait dit que le journal était en réalité fait par des hommes. C'est dire qu'on part de loin. La communarde Eliska Vincent, la libre penseuse Nelly Roussel, l'avocate Maria Vérone, la philosophe Clémence Royer, première traductrice française de Darwin, ou Séverine, collaboratrice de Jules Vallès au Cri du Peuple, la seule journaliste professionnelle de la bande, col