Apurímac, l’appel de la rivière
Avec Apurímac, un documentaire d'Hugo Clouzeau, on descend les eaux vives d'un Río en furie dans la cordillère des Andes. Dix-sept jours sur une rivière et 150 kilomètres à parcourir. Six kayakistes – Boris, Coldo, Daron, Hugo, Stéphane et Loulou – entreprennent ce périple fort périlleux dans leurs canoës verts, trouvent des campements le soir «à l'arrache», passent à côté d'énormes siphons, glissant comme des fous sur un cours d'eau déchaîné, se faisant des frayeurs, vivant une aventure hors de portée du commun des mortels. Et dans les passages difficiles ils portent, reportent encore et encore leurs embarcations à longueur de rocher.
Et puis, comme si cela devait forcément arriver, ils s'étaient pourtant dit de bien faire attention, un kayak disparaît, laissé un instant au mauvais endroit, mauvais moment. Daron : «Ils ne savent pas où il est, le kayak était mal posé. On n'a pas le droit de le perdre, on a besoin de tout ce qu'il y a dedans. Quand je me suis retourné, je n'avais plus mon bateau sur la petite plage. Tout mon nécessaire de survie, mon duvet mes affaires sèches, j'ai tout perdu».
De quoi pleurer. Ils le pressentaient mais ne connaissaient que mal les conséquences de la perte d'un kayak. «On s'est sentis en danger car cela nous mettait dans une situation où il fallait potentiellement déclencher les secours en hélicoptère, explique Hugo. Il y avait un mélange d'énervement et de culpabilité, il a commis une erreur mais c'était aussi à nous de veiller les uns sur les autres.»
A lire aussiNotre précédent épisode de «Pics et rocs»
Daron va devoir continuer à pied en remontant la coulée verte. Heureusement, c'est là ou l'un des rares sentiers figure le long du canyon, lui permettant d'atteindre une passerelle et de retrouver son équipe. «En le voyant partir seul dans ces montagnes, je me souviens avoir éprouvé une drôle de sensation, celle de l'abandonner.» Hugo conclut ainsi leur aventure : «On souhaitait sortir de cette rivière pour différentes raisons. Non pas parce que c'était désagréable, mais surtout parce que c'était long et dur. Et puis il y avait une sorte d'oppression à vivre au fond de la rivière, entouré de rochers, de montagnes et du bruit incessant de l'eau et des rapides.» Pourtant, perché en haut d'un temple inca, ils aperçoivent au loin le Río et l'un d'eux résume leur philosophie : «La rivière, tu veux juste la voir… et y retourner.»
Apurimac, l'appel de la rivière d'Hugo Clouzeau. 43 minutes
Lost in Karakorum
Autre sensation de cette édition estivo-hivernale, Lost in Karakorum de Damien Lacaze, Antoine Girard et Jérémie Chenal narre une aventure de parapentistes à des hauteurs extrêmes. C'est parti pour 1 500 kilomètres en vol bivouac au cœur d'une chaîne himalayenne réputée pour être la «plus belle du monde».
Et aussi la plus haute, puisque les fous volants vont tutoyer des 8 000 mètres avec leur voile, où il faut, selon Antoine, «en permanence se concentrer pour se calmer, respirer profondément, réussir à se détendre, sinon, cela peut vraiment devenir dangereux». Car, si haut, ils peuvent être la proie de l'hypoxie, où le cerveau n'est pas suffisamment irrigué, un état où les «choix sont altérés». Un formidable documentaire où on apprend, entre autres, que les parapentes ne sont pas faits «uniquement» pour descendre de la montagne, mais qu'on peut également s'en servir pour… monter.
Lost in Karakorum de Damien Lacaze, Antoine Girard et Jérémie Chenal. 30 minutes.
Dates et horaires de la tournée de Montagne en scène