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Biodiversité

Chasse : les oies cendrées ne seront pas tirées en février

Comme l'an passé, le ministère de la Transition écologique a débouté les chasseurs qui réclamaient une dérogation afin de tirer ces oiseaux migrateurs jusqu'à la fin février. Chaque année, les arrêtés de prolongation, attaqués par les associations de protection de la nature, sont déclarés illégaux par le Conseil d’Etat en vertu des textes européens.
Comme l’an passé, le ministère de la Transition écologique a décidé de ne pas prolonger d’un mois la chasse des oies cendrées au-delà du 31 janvier, une demande récurrente des chasseurs. (Photo Thomas Warnack. DPA. Getty Images)
publié le 31 janvier 2021 à 18h51

Bref répit pour les anatidés sauvages. Comme l'an passé, le ministère de la Transition écologique a décidé de ne pas prolonger d'un mois la chasse des oies cendrées au-delà du 31 janvier, une demande récurrente des chasseurs de gibier d'eau. Dans un courrier adressé vendredi au président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), Willy Schraen, qui l'a mis en ligne, la secrétaire d'Etat à la biodiversité, Bérangère Abba, justifie ce refus en raison du manque de données sur les populations d'oies cendrées et leurs «prélèvements» qui empêche «la finalisation du plan de gestion adaptative» de l'espèce Anser anser avec «la fixation de quotas» par pays au niveau européen.

Traduction : aucune «dérogation» ne sera accordée tant que les discussions sur un plan de gestion international du tir de cet oiseau migrateur n'ont pas abouti. De quoi décevoir (forcément) les chasseurs. «Ce n'est pas une surprise car, connaissant l'idéologie personnelle [de notre ministre de tutelle] sur la question chasse, une autre issue aurait tenu du miracle, s'est ému samedi Willy Schraen dans son «message personnel aux chasseurs de gibier d'eau». Tant d'efforts déployés pour un tel résultat et pourtant cette légitime demande est pleine de bon sens. Le plan de gestion internationale devrait enfin arriver cette année…»

Chasse illégale

Il y a cependant d'autres explications à cette fin de non recevoir, beaucoup moins glorieuse pour les autorités ministérielles. Depuis une dizaine d'années, et jusqu'en 2019, les arrêtés prolongeant en février la chasse de cet oiseau hivernant dans nos contrées ont tous été jugés illégaux par le Conseil d'Etat après avoir été attaqués par les associations de défense de la nature. La raison ? En autorisant le tir des oies cendrées par delà la date de fin officielle de la chasse et tandis que l'anatidé entame sa période de migration vers les sites de nidification en Scandinavie, la France enfreint en effet la directive «Oiseaux», un texte européen de 1979 fondamental en matière de protection de l'avifaune sauvage. Ce qui vaut par ailleurs à l'Etat français d'être sous la coupe de poursuites par la Commission européenne devant la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) pour non-respect de la réglementation.

«C'est une belle victoire mais c'est un peu triste qu'il ait fallu aller treize fois devant le Conseil d'Etat pour obtenir la fin de cette chasse illégale, observe à ce sujet auprès de Libération Yves Verilhac, le directeur général de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). La France fait l'objet d'un recours par la Commission européenne sur trois volets : les chasses de printemps des oiseaux migrateurs, la chasse des oiseaux en mauvais état de conservation [notamment de la tourterelle des bois] et les chasses dites traditionnelles, comme le piégeage à la glu [suspendue en 2020 pour une année]. Pour un pays qui se dit champion de la biodiversité, ça fait désordre.» Dans l'Hexagone, environ deux tiers des espèces d'oiseaux chassables, soit 27 sur un total de 64, sont menacées ou quasi-menacées de disparition si l'on se reporte à la dernière mouture de liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Et la France est régulièrement sommée d'agir pour améliorer leur protection ou, du moins, juste respecter le droit européen.