L’Olympique de Marseille ne jouera pas contre Rennes ce samedi soir pour cause de tentative de coup d’Etat (sportif). Au moins 300 supporters se sont pointés à la Commanderie, le centre d’entraînement du club, dont une dizaine a réussi à forcer les portes. Ils protestent, entre autres griefs, contre la gestion de Jacques-Henri Eyraud, président du club depuis cinq ans environ, et réclament sa démission comme à chaque crise – l’équipe ne gagne plus, ne cadre plus, ne tire plus.
Des banderoles ont été accrochées dans toute la ville ce week-end. Le slogan principal, au-delà des noms d'oiseaux, est (sportivement) patriotique : «l'Olympique de Marseille aux Marseillais». Jacques-Henri Eyraud, dit JHE, est apparenté à Paris et Franck Mc Court, l'actionnaire principal, aux Etats-Unis trop, lointains pour y comprendre quelque chose.
Bilan de la journée : des arbres cramés, des images de sécession sur les réseaux sociaux, plus d’une vingtaine d’interpellations, un effectif traumatisé et un joueur – Alvaro Gonzalez – touché par un projectile, rapportent les correspondants présents sur zone. Le match de ce soir est reporté. La direction, qui évalue les dégâts à plusieurs centaines de milliers d’euros, a publié un communiqué samedi soir avec verbatims. Dimanche matin, dix-huit personnes étaient toujours en garde à vue.
«Une année zéro»
Steve Mandanda, gardien et capitaine : «Nous sommes des joueurs de football et une crise sportive ne peut en aucun cas justifier un tel déferlement de violence. L'heure est à l'apaisement.» Alvaro Gonzalez, victime du jour : «Je suis venu à l'Olympique de Marseille pour son histoire et la passion qui l'entoure. Cette ville est merveilleuse, nous aimons tous ce club, mais ce que nous avons vécu aujourd'hui ne doit plus jamais se reproduire.» JHE, le président-cible : «300 salariés sont ce soir en état de choc pour avoir vécu en direct ou avoir découvert les images d'une attaque inqualifiable.»
La veille, André Villas-Boas, l'entraîneur, avait annoncé son départ en fin de saison. Et évoqué «une année à zéro» à venir pour l'équipe, en l'occurrence un lendemain de purge, quand un projet repart une énième fois d'une feuille blanche. Motif de crainte : l'actionnaire principal n'investit guère plus, ce qui condamne Marseille à la débrouille permanente. L'OM est un oxymore. Il est un gros budget (plus de 100 millions d'euros cette saison) près de ses sous, soit un aristocrate incapable d'entretenir son château.
La semaine passée, le coach portugais avait évoqué les tensions entre Dimitri Payet et Florian Thauvin, deux des joueurs les plus importants et les mieux payés de l'OM. Tous les deux ont eu le droit à leur banderole sertie d'injures. Le premier est accusé d'être un intrigant surjouant son amour du club, le second de ne pas l'aimer tout court en refusant une prolongation de contrat.
Boîte à fantasme
Digne d'une saison à la Netflix : chroniques de caprices de vestiaire dans les journaux, joueurs à vendre coûte que coûte, dirigeants très discrets, rumeurs de rachat animant les réseaux sociaux tous les deux mois. Bernard Tapie, l'ancien président, est apparu dans une séquence vidéo cette semaine : il y annonçait du changement à venir et ouvrait une énième fois la boîte à fantasmes.
In fine, on revient à la base : les résultats. Cet hiver, l'OM a dégringolé au classement. Potentiellement en course pour le podium en décembre, il le regarde avec une longue-vue embuée fin janvier. Treize points le séparent du 3e, Lille après une série de mauvais résultats face à des proies réputées faciles (Reims, Dijon, Nîmes, Lens). L'OM s'est également raté dans les grandes largeurs en Coupe d'Europe cette saison. 5 défaites et 1 victoire en Ligue des champions, couplées d'un niveau de jeu exécrable. Techniquement, le prochain match à domicile de l'OM est prévu le 7 février prochain. Contre le Paris Saint-Germain, son rival préféré.