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Vendée Globe

Le Cam, le héros, le miraculé, le roi, le showman

Le marin qui a sauvé Kevin Escoffier est arrivé la nuit dernière aux Sables d'Olonne. Dans une conférence de presse aux allures de stand up, il a révélé que son bateau aurait pu se briser à tout moment.
Jean Le Cam lors de son arrivée aux Sables d'Olonne. (Photo Loic Venance. AFP)
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publié le 29 janvier 2021 à 8h49

Il restera à jamais le héros ayant sauvé un concurrent naufragé: Jean Le Cam a bouclé jeudi soir son Vendée Globe mais la grande aventure des mers en solitaire aurait pu virer au drame. Le doyen de la course a fini avec un bateau endommagé par des problèmes structurels. «Que je sois là aujourd'hui c'est un miracle», a expliqué Le Cam (Yes We Cam !) en conférence de presse vendredi au petit matin. Le marin de 61 ans, qui a aussi indiqué souffrir d'une côte cassée, a révélé les soucis qui l'ont tenu dans l'angoisse durant un mois et demi jusqu'à ce qu'il franchisse la ligne.

Tignasse en bataille, verve de bateleur, Le Cam a raconté ses angoisses dans une conférence aux airs de stand up. Il a constaté des problèmes après avoir débarqué Kevin Escoffier, le concurrent naufragé récupéré lors d'un sauvetage épique le 1er décembre. «Quand j'ai débarqué Kevin sur le Nivôse (frégate de la Marine Nationale), j'étais dans le front chaud et le lendemain je vais voir à l'avant et le bateau était délaminé, raconte-t-il. Quand t'as la coque qui bouge de cinq centimètre comme ça, que t'as la mousse qui craque, tu te dis que ça va péter d'un moment à l'autre. Et si ça pète tu coules». Réussissant à réparer avant que «ça re-pète», il a poursuivi sa course sans rien dire, mais avec la peur au ventre. «J'ai connu pas mal de trucs assez difficiles dans ma vie mais là, j'ai connu l'insoutenable et en fait l'insoutenable, on y arrive», a-t-il soufflé, complètement épuisé.

«J’ai été servi !»

Le «Roi Jean», surnom dont il a hérité après avoir remporté trois fois la difficile Solitaire du Figaro, a bouclé son quatrième Vendée Globe pour sa cinquième participation. Il a franchi la ligne d'arrivée en huitième position mais termine quatrième en raison des seize heures et quinze minutes de compensation qu'il a reçues pour le sauvetage. «Avant hier (mercredi) j'étais huitième, après je me retrouve sixième et là je finis quatrième. Alors là ! J'ai pas eu beaucoup de chance dans ma vie mais sur ce coup-là, j'ai été servi !», a lancé le skipper rentré au port six heures après avoir coupé la ligne en raison de la marée.

Le Cam a patiemment attendu dans son bateau, qu'il affectionne tant, de pouvoir remonter le chenal, de nuit mais avec la pleine lune. De nombreuses personnes s'étaient placées le long du chenal pour acclamer le marin, qui s'est fendu d'une danse sur son bateau, rythmé par la chanson de Johnny Hallyday, L'envie. Avant d'amarrer son monocoque vieux de 13 ans, il a été rejoint par Escoffier et les briscards de la course au large que sont Roland Jourdain, Bernard Stamm et Vincent Riou, qui l'avait sauvé au large du cap Horn en 2009.

8 bateaux en 24 heures

La neuvième édition du Vendée Globe, qui s'est jouée à coups de rebondissements dans un suspens total, a été remportée jeudi par Yannick Bestaven (Maître Coq IV) en 80 jours 3 heures et 44 minutes, un chrono prenant en compte les dix heures et quinze minutes dont il a bénéficié pour avoir aidé aux recherches lors du naufrage de Escoffier. Le marin rochelais de 48 ans, un des leaders majeurs sur ce Vendée Globe, a coupé la ligne en troisième position, près de huit heures après Charlie Dalin (Apivia), le tout premier à boucler le tour du monde. Depuis mercredi soir, huit bateaux sont arrivés en 24 heures, du jamais vu dans toute l'histoire du Vendée Globe, créé en 1989. Sur les 33 marins ayant pris le départ le 8 novembre, huit ont abandonné.