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Handball : les Bleus et le «bavard» Remili visent la finale

L'équipe de France défie la Suède ce vendredi à 17h30 en demi-finale du championnat du monde. S'appuyant sur son gaucher au caractère de plus en plus affirmé.
Nedim Remili lors du quart de finale France-Hongrie (35-32), le 6 octobre au Caire. (Photo Anne-Christine Poujoulat. AFP)
publié le 29 janvier 2021 à 13h34

Depuis le milieu des années 2000, l’équipe de France avait pris une sorte d’abonnement au tableau d’excellence du handball planétaire. Dès lors qu’elle se hissait en demi-finale d’un tournoi international, comme ce vendredi après-midi contre la Suède (à 17h30), elle repartait invariablement avec une breloque (sauf en 2007). 14 médailles en quinze ans en Europe, aux Mondiaux et aux Jeux olympiques, sauf que les destinées les plus fulgurantes ont nécessairement une fin, en sport comme ailleurs. Peu à peu, les «Experts» ont quitté la scène (Omeyer, Narcisse, Dinart, Gille…) et la concurrence étrangère s’est faite plus consistante.

Avant ce championnat du monde en Egypte, les Bleus se trouvaient en plein désarroi : élimination au premier tour de l'Euro 2020, longue blessure de la figure tutélaire Nikola Karabatic, absence de tout rassemblement depuis un an, pandémie oblige. Les deux matchs préparatoires contre la Serbie début janvier n'ont fait qu'aiguiser les doutes des sextuples champions du monde. Pourtant, à l'arrivée en Afrique du Nord, le puzzle s'est miraculeusement mis en place.

«On doutait, on ne savait pas où on allait. Les incertitudes nous gouvernaient mais l'état d'esprit était irréprochable. Contre les Serbes, on nous a reproché de manquer d'agressivité, mais depuis on s'est surpassé. Au fond, c'est une histoire de legacy [héritage, ndlr]. Certains d'entre nous ont joué avec la génération dorée qui a dominé le monde pendant une décennie et il en reste forcément quelque chose : de l'énergie, des vibrations, du mental», rapporte au téléphone Nedim Remili, 25 ans, qui prend de plus en plus de place dans le huis clos des salles égyptiennes.

«Je suis bavard» 

Aux temps morts demandés par le staff français, Guillaume Gille, le coach, laisse ses joueurs s’exprimer. C’est ce qu’il appelle «le conseil des joueurs» sur lequel les membres de l’équipe de France ne s’étendent guère dès que les micros affluent. Une manière de démocratie participative ? Un management autogéré ? Une République des joueurs ?

Nedim Remili, qui apprend depuis cinq saisons au PSG avec la crème du hand planétaire, balaie l'hypothèse avec force : «C'est une forme d'échange permanent entre les joueurs qui sont sur le terrain, qui ressentent les systèmes qui fonctionnent ou pas, et le staff. On propose, il dispose. "Gino" (Gille) nous laisse nous parler mais à la fin, les choix, la décision c'est lui. D'où les nombreux "désolé" qu'on entend de ma part à la fin des temps morts. Je suis bavard…»

Kamel, son père, directeur de l'US Créteil, là où Nedim a débuté, affine le propos. «Il n'y a pas d'autorité pyramidale, les joueurs peuvent s'exprimer. Il ne faut pas oublier que cette équipe a passé peu de temps ensemble depuis un an. […] J'imagine qu'ils se sont dit qu'ils devaient parler plus que d'habitude.»

Barça ou PSG ?

Comme beaucoup d’athlètes de haut niveau, Nedim Remili a longtemps tâtonné (natation, taekwondo) avant de se fixer sur le hand, le sport de son paternel, champion de France avec Créteil en 1989. Le gaucher au bras d’or fait vite des envieux. A peine passée la vingtaine, en 2016, il débute en Bleu au lendemain des JO de Rio et déjà les principales échoppes du continent se pressent pour le faire signer. Au final, la décision se joue entre le Barça et le PSG, deux des plus grands clubs du monde.

Le Cristolien décide in fine de laisser derrière lui le carrefour Pompadour et de franchir le périph pour évoluer porte d'Auteuil, où le PSG a ses quartiers. Une décision familiale, selon lui. «Je n'étais pas prêt à prendre mon envol. Ma mère ne s'était pas faite à l'idée de me voir tous les trois mois. Alors, on a décidé en famille. Ça a été un choix assez facile, d'autant que j'allais jouer avec des légendes de ce jeu.»

De l’artillerie lourde en finale ?

Kamel Remili en garde un souvenir différent avec une approche un brin plus pragmatique. «Aller à Paris, c'était sa décision. Ça a été une plus-value dans sa progression de joueur. […] Aujourd'hui, il est entraîné par un Espagnol [Raul Gonzalez Gutierrez] et il continue de parfaire sa formation.»

Remili et les siens ne sont plus qu'à deux matchs d'un sacre international qui leur échappe depuis quatre ans et le titre mondial acquis en France. La première breloque pour l'arrière droit qui dépanne parfois comme demi-centre, preuve de son importance exponentielle. «Si on passe la Suède, tout sera possible quel que soit l'adversaire», affirme l'homme du quartier du Port. En cas de finale, l'opposant serait l'Espagne ou le Danemark, le double champion d'Europe sortant ou les détenteurs des titres olympiques et mondiaux. De l'artillerie lourde.