Deux vainqueurs pour le prix d’un. Dans la nuit de mercredi à jeudi, Charlie Dalin et Yannick Bestaven auraient mérité l’hommage du public aux Sables-d’Olonne. L’épidémie l’a empêché. Dalin a coupé la ligne d’arrivée en premier, à 20 h 30, Bestaven un peu moins de huit heures plus tard. Mais c’est lui le lauréat d’un neuvième Vendée Globe qui restera dans les annales de la voile.
Après plus de 40 000 kilomètres et quatre-vingts jours, la victoire s’est jouée comme dans une régate de dériveurs dans la baie de Saint-Brieuc. Comme s’il y avait une photo-finish pour désigner le vainqueur d’un trail de 100 km.
Il serait injuste de dire que Bestaven a gagné sur tapis vert. Plutôt sur tapis bleu. En vertu de cette loi qu’aucun marin n’imaginerait enfreindre, qui veut que, même en course, on doit venir en aide à un naufragé. C’est une priorité absolue et une obligation morale. Fin novembre, Bestaven s’est dérouté pour porter secours à Kevin Escoffier. Si Jean Le Cam a sauvé ce dernier, Bestaven a bénéficié d’une compensation de dix heures pour avoir mis sa course entre parenthèses.
Huit heures de retard à l’arrivée, dix heures de compensation : Bestaven gagne de deux heures. Louis Burton finit troisième. Charlie Dalin n’a pas exprimé de dépit. Yannick Bestaven l’a félicité pour sa course et remercié pour sa réaction. Entre deux grands marins, ça ne pouvait pas se passer autrement.
Lucrèce Andreae. Dernier ouvrage paru : Flipette & Vénère, éd. Delcourt (février 2020)