La devise est désormais «ウィズ・コロナ with corona» (en anglais japonisé). Puisqu'il y a peu de chances que soit terminée d'ici à juillet 2021 la pandémie de Covid-19, il va falloir organiser les Jeux olympiques l'an prochain à Tokyo «avec le corona». Vendredi ont officiellement débuté dans la capitale japonaise les préparatifs des protocoles sanitaires à définir et mettre en place. «Notre objectif est que le coronavirus soit sous contrôle» pour que tout le monde puisse apprécier les JO avec virus, a expliqué le président de l'équipe chargée de coordonner cette tâche titanesque, Kazuhiro Sugita (79 ans). L'expression «sous contrôle» est très usitée quand il s'agit de JO : elle avait déjà été employée en 2013 par le Premier ministre Abe pour qualifier la situation à la centrale ravagée de Fukushima afin de convaincre le Comité international olympique (CIO) de choisir Tokyo pour 2020.
Pour que ces JO, reportés en 2021 en raison du Covid-19, puissent réellement avoir lieu l'an prochain, «il est essentiel, pour la sécurité des participants, d'établir des règles sanitaires strictes. L'idée est d'avoir un schéma de principe prêt d'ici à la fin de l'année», a précisé à quelques journalistes un fonctionnaire du gouvernement, reconnaissant que se posent d'innombrables problèmes.
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«Exemption de quarantaine»
Trois grandes catégories de participants ont d'ores et déjà été définies pour lesquelles les protocoles différeront : d'abord les athlètes et ceux qui les encadrent, puis les organisateurs, personnalités, bénévoles et médias et enfin les spectateurs. Toutes les mesures sanitaires doivent être précisément codifiées pour toutes les activités de chacun (arrivée au Japon, suivi médical, déplacements, repas, épreuves, séjour au village olympique, etc.). Les athlètes et leurs entraîneurs devraient bénéficier d'un traitement de faveur, mais pas d'une liberté totale. «L'exemption de quarantaine pour les athlètes fait partie des points en discussion, compte tenu de la nécessité de maintenir leur condition physique, mais ce n'est pas encore tranché», indique le fonctionnaire. Même s'ils n'étaient in fine pas obligés de rester enfermés pendant quinze jours après leur arrivée au Japon, les sportifs seront a minima soumis à des limitations de déplacements.
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Le plus gros casse-tête n'est en fait pas tant pour le comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques, que pour le ministère de la Santé, déjà critiqué pour la lenteur des décisions face au virus et quelques bourdes, et pour l'agence des services d'immigration, dont la stratégie a jusqu'à présent consisté à fermer le pays. Cependant l'importance accordée aux JO par le gouvernement du Premier ministre démissionnaire Shinzo Abe va accélérer la réouverture des frontières. Reste à savoir à partir de quand, pour qui, en provenance de quel pays et dans quel ordre ?
«En l'état actuel, le gouvernement refuse les entrées d'étrangers au Japon venant de 159 pays, donc si cela restait ainsi, il est clair que les JO ne pourraient pas se tenir. Nous discuterons précisément de cette question lors de la prochaine réunion de coordination dont la date n'est pas fixée», indique le fonctionnaire. Compte tenu des capacités de tests dans les aéroports et d'autres facteurs, l'objectif initial de 10 millions de visiteurs (japonais et étrangers) à Tokyo à l'occasion des JO est d'ores et déjà illusoire et la jauge de spectateurs risque d'être réduite pour les épreuves, même si le huis clos paraît exclu.