Des comptes publics dans le rouge vif, avec un déficit qui pourrait se creuser à 5,6 % cette année, des recettes fiscales amoindries et des dépenses qui s’envolent. C’est la situation que devra gérer le nouveau Premier ministre, dont on attend la nomination imminente par Emmanuel Macron. Ce nouvel état des lieux budgétaire a été dévoilé lundi 2 septembre au soir, d’abord par Bruno Le Maire, ministre de l’Economie démissionnaire, puis par le député insoumis Eric Coquerel, président de la commission des finances. Ce dernier, ainsi que les autres parlementaires aux commissions des finances, avait réclamé à Bercy les documents préparatoires du budget 2025. Il les a obtenus lundi soir. Cette obligation de transparence a poussé les deux hommes, dans la soirée de lundi, à révéler ces chiffres aux Français. Le ministre pour se justifier et préconiser de nouvelles économies. Le député LFI pour critiquer des choix de «super austérité» qui selon lui freineront la croissance, et réclamer des hausses d’impôts ciblées.
Vers 21 heures, Bruno Le Maire a tiré le premier, avertissant dans une note aux parlementaires révélée par le Monde qu’au lieu de diminuer comme prévu, le déficit budgétaire 2024 s’annonce plus lourd, à 5,6 % du PIB au lieu de 5,1 %, sauf coupes supplémentaires à décider. Dans une lettre aux parlementaires, le ministre de l’Economie démissionnaire préconise donc à son successeur de réaliser 16 milliards d’euros d’économies immédiates. Il assure avoir fait son maximum, en annulant par décret en début d’année 10 milliards d’euros de dépenses. Puis en «mettant en réserve» 16,5 milliards d’euros de crédits supplémentaires. Mais, explique-t-il, la dissolution, la campagne des législatives, puis la gestion des affaires courantes par un gouvernement démissionnaire ont freiné tout effort de rigueur. De plus, selon lui, «les recettes de TVA, d’impôt sur le revenu et d’impôt sur les sociétés pourraient être moins élevées que prévu» même si la croissance était comme attendue de 1 %, voire de 1,1 % en 2024. Enfin, «le risque principal est lié à une augmentation extrêmement rapide des dépenses des collectivités territoriales, qui n’a pu être confirmée que fin juillet et pourrait à elle seule dégrader les comptes 2024 de 16 milliards d’euros», précisent Bruno Le Maire et son collègue aux Comptes publics, Thomas Cazenave.