Quand elle s'est réveillée lundi matin, Theri Chitwin, une jeune analyste à la banque d'affaires KBZ à Rangoun, la plus grande ville de Birmanie et son poumon économique, a essayé, comme tous les jours, d'allumer sa télévision. Peine perdue, toutes les chaînes de télé et de radio avaient été coupées, à l'exception de la télévision militaire, MWD. Celle-ci diffusait les images d'un soldat en civil coiffé d'un tissu vert, qui lisait posément un communiqué : au vu d'une situation d'extrême urgence, à savoir des fraudes électorales massives lors des élections de novembre dernier, «l'armée s'est saisie du pouvoir pour une durée d'un an». Stupéfaction, même si depuis quelques jours des signes avaient donné l'alerte : présence massive de soldats dans les grandes villes, des chars aperçus sur de grandes artères, et la veille au soir, les opérateurs mobiles avaient cessé leur service à Naypyidaw, la capitale, et Rangoun. Seuls des habitants équipés de wifi personnel (une infime minorité de la population) avaient encore accès à Internet.
Très vite après la sidération provoquée par l'annonce, les habitan