A l'ancienne, comme dans un autre siècle. L'armée birmane a renoué lundi avec ses pires démons en se livrant à ce qu'elle sait le mieux faire depuis soixante ans : un coup d'Etat avec l'instauration de l'état d'urgence pour un an, l'arrestation des principales figures du gouvernement, de l'opposition, le limogeage des ministres civils et la coupure des principaux réseaux de téléphones et d'Internet. Un coup unanimement condamné en Europe, au Japon, aux Etats-Unis, en Australie. «Un terrible retour en arrière», selon le constat d'un diplomate joint par Libération.
Après plusieurs jours de rumeurs sur l’imminence d’un coup de force de la Tatmadaw (nom officiel des forces armées), les généraux sont donc brutalement revenus sur le devant de la scène politique. En l’espace de quelques heures, ils ont refermé la parenthèse démocratique initiée il y a dix ans lors du transfert d’une partie des pouvoirs aux civils. Et tiré un trait sur la convocation du nouveau Parlement, issu des élections du 8 novembre, qui devait se réunir lundi à Naypyidaw, la capitale bunker.
Tôt dans la matinée, la conseillère d'Etat, de facto cheffe du gouvernement, Aung San Suu Kyi, ainsi que le Président, Win Myint, l'un de ses proches, ont été arrêtés à Naypyidaw, de même que des députés et d'autres responsables de la Ligue nationale pour la démocratie (LND