Les week-ends se suivent et se ressemblent, en Russie. Alors que des manifestations réclamant la libération de l'opposant Alexeï Navalny ont été organisées dans tout le pays, les forces de l'ordre ont procédé à l'interpellation de plus de 4 400 protestataires. Selon l'ONG spécialisée dans le suivi des manifestations OVD-Info, ces arrestations ont eu lieu dans 70 villes, principalement à Moscou, où plus de 700 personnes ont été embarquées. La femme d'Alexeï Navalny, Ioulia Navalnaïa, compte parmi les interpellés.
Le centre de la capitale a pris, à certains endroits, des allures de citadelle assiégée : des dizaines de policiers anti-émeutes ont été déployées, boucliers et matraques en évidence. Fait rare, plusieurs rues et des stations de métro ont été totalement fermées, poussant les protestataires à changer au dernier moment le lieu du rassemblement, diffusé en direct sur les réseaux sociaux.
Il y a huit jours déjà, l'opposition avait réussi à réunir les foules, à un niveau jamais vu depuis 2012 pour des rassemblements non autorisés. Et, déjà, la répression avait frappé : plus de 4 000 personnes avaient été arrêtées dans tout le pays, parfois très violemment, après une semaine de pressions et de menaces de la part des autorités. Un record absolu dans l'histoire récente russe.
L'avocat-blogueur-trublion Alexeï Navalny, 44 ans, incarne l'opposition à Vladimir Poutine. Auteur d'enquêtes détonantes sur la corruption des élites au pouvoir, il a été empoisonné lors d'un déplacement en Sibérie, au mois d'août. Il accuse le président russe et les services de sécurité du pays d'en être les responsables. Il est revenu en Russie le 17 janvier, après des mois de convalescence en Allemagne.
A son retour, il a été condamné à 30 jours de détention préventive en attendant son procès, le 29 janvier, dans le cadre de la plainte déposée contre lui par l'administration pénitentiaire, qui l'accuse d'avoir enfreint son contrôle judiciaire. L'opposant risque la transformation du sursis dont il avait écopé en 2014, dans une vieille affaire cousue de fil blanc, en une peine de prison ferme.