C’est nouveau. Les gueux ne se contentent plus de camper sous les fenêtres des seigneurs de la finance, comme aux temps innocents d’Occupy Wall Street, mouvement anticapitaliste lancé en septembre 2011, ou de se plaindre en ligne des injustices du capitalisme et du train de vie des 1 % (la part des plus riches dans la population). Aux dernières nouvelles, ils veulent leur part du gâteau et sont devenus des boursicoteurs militants, organisés sur les réseaux sociaux et capables de prendre les affaires en main, de s’emparer des marchés et de les rendre fous, d’empocher eux-mêmes des millions tout en savourant l’indicible plaisir de ruiner les marquis de Wall Street.
Depuis deux semaines, le gotha de la finance, mais aussi le Département du trésor américain, la Réserve fédérale et la SEC, la commission des opérations en Bourse (le régulateur), suivent avec inquiétude la courbe délirante de l’action d’une chaîne de magasins de jeux vidéo nommée GameStop, dont la valeur a augmenté de plus de… 13 000 % en un an et de 800 % en une semaine à la fin janvier. Cette irruption du capitalisme populaire ressemble un peu trop à leurs yeux à une émeute financière. Pire : à la version boursière de l’assaut contre le Capitole du 6 janvier.
Car l’affaire dépasse les contingences du business. Loin de traduire un emballement pour une entreprise prometteuse - on pense à l’explosion du titre Tesla -, cette hausse vertigineuse honore un canard boiteux du commerce de détail. GameStop, une enseigne répu