Un soulagement pour les partisans de la liberté d’expression. Walid Kechida, le jeune militant algérien poursuivi pour avoir publié en ligne des détournements moquant les autorités et la religion a été condamné ce dimanche en appel à un an de prison, dont six mois ferme, selon son avocat.
«On s'attendait à une relaxe car Walid Kechida n'a rien fait qui mérite la prison», a déclaré à l'AFP maître Fouad Betka, membre de son comité de défense. Mais «il a été condamné à un an de prison dont 6 mois ferme et 6 mois de sursis, et à une amende de 30 000 dinars (180 euros).» Une information confirmée par le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association qui vient en aide aux prisonniers d'opinion en Algérie. Lors du procès en appel qui s'est déroulé à Sétif (nord-ouest du pays), le parquet avait requis trois ans de prison ferme, la même peine que celle prononcée en première instance.
Walid Kechida, 25 ans, va pouvoir quitter la prison ce dimanche. Il était en détention depuis le 27 avril 2020. «Soulagement. Il quitte la prison aujourd'hui après neuf mois de détention et une condamnation sur fond d'un dossier vide et des poursuites infondées», s'est félicité sur Twitter le vice-président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), Saïd Salhi.
Algérie, Walid Kechida libéré.
— said SALHI (@saidsalhi527) January 31, 2021
condamné aujourd'hui à Setif à un an de prison dont 6 mois ferme et 6 mois en sursis.
Soulagement, Il quitte la prison aujourd'hui après 09 mois de détention et une condamnation sur fonds d'un dossier vide et des poursuites infondées. pic.twitter.com/aPdKLyNRIf
Militant connu de la jeunesse algérienne, partisan du Hirak – ce mouvement massif de contestation qui rejette la classe politique et appelle à de profondes réformes, né en février 2019 –, Walid Kechida était poursuivi pour «offense au président [Abdelmadjid Tebboune, ndlr]», «aux préceptes de l'islam» et «outrage à corps constitué». Il lui était reproché d'avoir publié des mèmes touchant aux autorités, notamment au président Tebboune et à la religion. Ces illustrations virales étaient diffusées sur le groupe Facebook Hirak Memes, dont il était l'administrateur.
Amnesty International et la LADDH ont demandé la libération du militant de Sétif, dont le cas est devenu emblématique des restrictions des libertés en Algérie, notamment sur Internet, et l’abandon de toutes les charges retenues contre lui.
Le militant Walid Kechida est enfin LIBRE.
— Amnesty Algérie (@AmnestyAlgerie) January 31, 2021
Il a été condamné à 1 an de prison dont 6 mois ferme et 6 mois de sursis et une amende de 30 000 Da.
Nous continuons à nous mobiliser pour la libération de tous les détenus d'opinion.#LiberezLesDetenusDopinion#Algerie pic.twitter.com/D3EED3fXyM
Selon le Comité national de libération des détenus, quelque 80 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie en lien avec les protestations du Hirak et/ou les libertés individuelles. Des poursuites qui s'appuient dans au moins 90% des cas sur des publications critiques envers les autorités sur les réseaux sociaux. «La condamnation de Kechida n'est qu'une manière assez lâche de faire un exemple au travers de quelqu'un qui n'a pas beaucoup de relais médiatique ou politique. On tape juste dans le tas, faute d'une vraie stratégie pour contenir l'opposition», expliquait à Libération début janvier Amel Boubekeur, chercheuse franco-algérienne à l'EHESS et spécialiste du Maghreb.