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Disparition

L’auguste combat du juge Guzmán

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Le magistrat chilien a eu l’ancien dictateur Augusto Pinochet dans sa ligne de mire pendant plusieurs années. Il est mort vendredi 22 janvier à l’âge de 81 ans.
Le juge chilien Juan Guzmán, lors d'une conférence de presse à Santiago, au Chili, en novembre 2000. (Photo Reuters)
publié le 29 janvier 2021 à 15h33

Cette une du quinzomadaire Punto Final l'avait fait sourire. Sous le titre «Juan sans peur», un photomontage montrait son portrait avec le visage d'Augusto Pinochet en arrière-plan. Lui, le magistrat de droite, se retrouvait en couverture d'un magazine d'extrême gauche qui louait son indépendance et son obstination. Un choix éditorial dicté par une retentissante décision prise le 1er décembre 2000 par ce juge alors âgé de 61 ans : la mise en examen de l'ancien dictateur chilien, qui jouissait d'une complète impunité depuis le retour de la démocratie, dix ans auparavant.

«Une jurisprudence était née»

Juan Guzmán l’avait inculpé pour sa responsabilité, en tant qu’auteur intellectuel, de 58 homicides et 18 séquestrations dans le dossier de la «Caravane de la mort», une opération de répression lancée juste après le coup d’Etat du 11 septembre 1973, qui avait renversé le président de gauche Salvador Allende. Dans plusieurs villes du Chili, un commando militaire avait fait le tour des casernes où étaient enfermés des opposants. A chaque étape de ce parcours sanglant, le général Sergio Arellano Stark, délégué militaire de la junte, exhibait un document signé de la main de Pinochet, commandant en chef des armées, pour exiger la remise de certains détenus. Leurs exécutions se sont déroulées sur place, ou dans des lieux où ils avaient été transportés.

Saisi de ce dossier en 1998, Juan Guzmán s’est mis sur les traces de l’escadron. Il s’est rendu avec des experts judiciaires dans différen

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