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Interview

«Les républicains essaient de reproduire le schéma "Bush contre Gore"»

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Pour Idris Fassassi, professeur de droit public, le contexte de l’élection est différent de celle de 2000. Vu les divisions internes du pays, la décision de la Cour suprême ne serait pas aussi bien acceptée.
Lors du dépouillement à Detroit (Michigan), qui se poursuivait mercredi. (Photo David Goldman. AP)
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publié le 4 novembre 2020 à 19h46

Les premiers résultats tombaient à peine, mercredi matin, et déjà Donald Trump les contestait, menaçant de saisir la Cour suprême. Idris Fassassi, professeur de droit public à l’université d’Amiens et spécialiste des Etats-Unis, analyse les enjeux de cette juridiction devenue toute-puissante.

Trump peut-il légalement faire arrêter le décompte des bulletins, comme il l’a bizarrement suggéré ?

Ses propos ne sont jamais très clairs et il y a toujours une part de menace pour décrédibiliser le scrutin. Mais on comprend qu’il veut arrêter le décompte des votes par correspondance, qui favorisent plutôt Biden et qu’il dénonce depuis plusieurs mois. Il n’en a pas le pouvoir. D’où son appel à la Cour suprême, qui était intervenue lors de la présidentielle de 2000, opposant George W. Bush et Al Gore. C’était après le scrutin, en décembre, pour arrêter le recompte des votes que la Cour suprême de Floride avait ordonné, après un recours des démocrates. Bush avait remporté la Floride, avec un différentiel ridicule de 527 voix, et l’élection. Al Gore a rapidement concédé sa défaite, mettant un terme à la controverse et permettant à son opposant d’entrer en fonction.

Dans quelles conditions les deux candidats peuvent-ils saisir la Cour suprême pour contester l’élection ?

Le candidat doit d’abord faire un recours devant les cours locales. Plusieurs ont déjà été intentés au niveau des comtés. Stratégiquement, et c’est habile, les républicains essaient de reproduire le schéma «Bush contre Gore». La Cour suprême avait