Au Royaume-Uni, pas de débat sur un nombril découvert ou un décolleté trop profond. Pour la bonne raison que dans 90 % des écoles, l’uniforme est obligatoire, de la maternelle à la terminale, dans le public comme dans le privé. Chaque école est responsable du choix de son uniforme. Pour celles d’Etat, il est souvent simple, un pantalon ou une jupe d’une couleur neutre assortis d’un sweat-shirt portant le symbole et le nom de l’école.
Collerette
Dans le privé, c'est une autre histoire. L'uniforme inclut des variations incalculables de tenues, des cravates différentes suivant les années aux blazers avec un revers de couleur différente, selon que votre enfant est un génie en maths ou un as du rugby. Dans ces établissements, cela s'accompagne de règles très strictes sur la longueur des cheveux pour les garçons (ni trop longs ni trop courts) et les filles (attachés). Généralisé au XIXe siècle, le port de l'uniforme visait à renforcer le sentiment d'appartenance à une école, ainsi que la discipline et l'égalité entre élèves, quelles que soient leurs origines sociales.
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Il rappelle aussi parfois un passé imaginé glorieux et impose aux enfants de se balader dans une tenue qui n’a pas changé depuis des décennies, voire des siècles. Avec sa longue cape noire et sa petite collerette blanche, l’uniforme de la Christ’s Hospital School à Horsham, dans le sud-est de l’Angleterre, date ainsi de 1522 !
Quels que soient les arguments pour ou contre l’uniforme, la question du sexisme se pose régulièrement, et dans les deux sens. Souvent, les filles adolescentes prennent l’initiative de raccourcir elles-mêmes leurs jupes, parfois drastiquement, y compris si des règles de longueur sont inscrites dans le règlement. Pas forcément pour sexualiser leur tenue, mais pour se distinguer, se créer une individualité, gommée par l’uniforme. Les garçons vont porter la cravate plus ou moins courte, avec un nœud plus ou moins gros. Certaines écoles sanctionnent, d’autres laissent faire.
Choix
L'uniforme sexualise également en insistant très tôt sur les clichés de ce qu'une fille est supposée porter. Dans certaines écoles, souvent privées, les filles ont ainsi le choix entre une robe ou une jupe, mais pas un pantalon ou un short. Avancée récente, le concept de l'uniforme «sans genre» a fait son apparition. Introduit au pays de Galles en 2019, il laisse à chacun le choix de porter pantalon ou jupe. L'Association de l'uniforme, qui réunit les principaux fabricants du pays, planche aussi depuis l'an dernier sur des couleurs «neutres en termes de genre».
Ces actions ne sont pas toujours vues d’un bon œil. Dans une école de Lewes, dans le sud-est du pays, près de 150 parents et étudiants avaient manifesté, en septembre 2019, pour s’opposer au choix de la direction d’imposer des pantalons pour tous. Une décision intervenue après des débats sur la longueur des jupes et pour prendre en considération les élèves transgenres.