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De la Syrie à la Guyane : pour Sanaa, la France par la porte dérobée

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Chassés par la guerre civile, une Syrienne et ses deux fils entamaient il y a un an un long périple vers l’Hexagone pour y trouver asile. Après un voyage périlleux via le Liban et le Brésil jusqu’à Cayenne, ils ont réussi à atteindre la métropole mardi.
Sanaa et ses fils, à Cayenne le 13 juillet. (Photo Mirtho Linguet)
publié le 10 septembre 2020 à 18h46
(mis à jour le 10 septembre 2020 à 20h46)

Au moment de boucler son récit, Sanaa renverse la petite casserole de café. Le dense liquide noir dessine une flaque sur la toile cirée. Mais elle continue de parler sans perdre le temps d'éponger, comme pour en finir au plus vite avec l'histoire de sa vie d'avant. Celle-ci se déroule en Syrie, son pays. «Il n'y a que la peur là-bas. Quand j'y repense, je ne ressens que de la peur», dit-elle.

Sanaa a trouvé une porte dérobée pour s’échapper et rejoindre la France. Un détour de près de 20 000 kilomètres via l’Amérique du Sud : là, elle a traversé la jungle pour atteindre la Guyane où elle a demandé l’asile. Le 4 février, elle a obtenu un titre de bénéficiaire de la «protection subsidiaire» pour quatre ans. Elle a encore du mal à prononcer en français ce vilain mot administratif, mais elle sourit en essayant.

La Syrienne de 44 ans est originaire de Soueïda, dans l'extrême sud du pays, le fief de la communauté druze. Enfant de la classe moyenne, elle a travaillé treize années à Damas dans une garderie avant de se marier et de s'installer dans la petite ville de Salkhad, près de la frontière jordanienne. Son mari est employé d'une agence immobilière. Ils ont deux fils. «Mon époux était contre le régime, il parlait beaucoup, partout. Avec la révolution, des groupes armés ont pris le

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