Bouton Lire dans l'app Lire dans l'app
Récit

Au Royaume-Uni, l’ombre d’un «éventreur»

Dans les années 80 et 90, 160 équidés ont été tués dans le Hampshire. L’affaire est toujours non résolue.
A Fawley, près de Southampton. (View Pictures/Photo Philip Wiper. Getty)
publié le 6 septembre 2020 à 18h36

On l'a appelé «l'éventreur des chevaux». Entre 1983 et 1993, plus de 160 équidés ont été retrouvés tués et /ou, mutilés au Royaume-Uni. Le pic de cette série morbide s'est situé entre 1990 et 1993, avec plus de trente cas dans le Hampshire, région du sud de l'Angleterre. Au point que la police locale avait créé une équipe spécialisée pour l'enquête - surnommée «Opération Mountbatten», du nom de l'un des chevaux retrouvés mort et mutilé. La Ligue internationale de la protection des équidés avait elle aussi lancé une enquête. Un portrait-robot d'un suspect avait été publié et une surveillance serrée organisée. Mais aucune arrestation n'est jamais intervenue et l'énigme n'a pas été résolue.

Pentagramme

On a parlé de rites sataniques, de pervers sexuels. Puis, en 1993, les attaques se sont interrompues. Depuis, à intervalles réguliers, on évoque la réapparition de l’éventreur. Comme en octobre dernier après la découverte d’un cheval poignardé à mort dans un champ du Hampshire. D’autres découvertes de cadavres suspects d’animaux, pas seulement des chevaux mais aussi des moutons ou chèvres, ont suivi. En novembre, une brebis a été retrouvée tuée à Bramshaw, encore dans le Hampshire. Sur sa tête, des dessins (dont un pentagramme) avaient été tracés à l’encre noire, relançant les rumeurs d’un sadique inspiré par un rite satanique.

En 2001, Ted Barnes, ancien chef de l’unité sur les crimes contre les équidés de la Metropolitan police, avait publié les conclusions de vingt ans de recherches sur ces morts et mutilations : 80 % des attaques suspectées sur des chevaux n’avaient pas été commises par des humains. Il écartait catégoriquement la piste d’un ou de plusieurs «éventreurs» systématiques. Pour lui, la majorité des mutilations étaient d’origine naturelle.

Vengeance

«Dans la très large majorité des cas, les blessures ont été auto-infligées par l'animal ou par un autre cheval», estimait-il. «Lorsqu'une jument est en chaleur, elle fait n'importe quoi. Elle est capable de se frotter contre des barrières ou des objets pointus et peut en venir à s'infliger des blessures horribles. Elle ne s'arrêtera pas si elle saigne […] et le problème est que comme ça implique souvent ses organes génitaux, les gens pensent que les blessures ont été infligées par un pervers», expliquait-il au Guardian. Il précisait que, la plupart du temps, les mutilations ont été infligées par des animaux sauvages, avant ou après la mort du cheval. «Si un vétérinaire n'est pas totalement certain des causes de la mort d'un cheval, il est normal qu'il contacte la police. Mais souvent, comme ces histoires sont relativement rares, les enquêteurs concernés ont peu d'expérience sur la manière de se pencher sur ces cas.» Aujourd'hui retraité, Ted Barnes n'excluait pas la possibilité que certains chevaux aient pu être tués ou mutilés par des humains, dans des actes de vengeance à la suite d'un litige, ou encore par un déséquilibré. «Au cours de ma carrière, toutes sortes de théories ont atterri sur mon bureau. Mais en trente ans d'enquêtes sur le sujet, je n'ai jamais pu trouver de dénominateur commun.»