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Sahel

Au Mali, deux soldats français tués par une bombe artisanale

Deux militaires de l'opération Barkhane au Sahel ont été tués samedi matin dans le nord du Mali par un engin explosif artisanal, pour la première fois depuis le coup d’Etat du 18 août qui a renversé le président.
L'opération Barkhane au Sahel. (Ludovic MARIN/Photo Ludovic MARIN. AFP)
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publié le 5 septembre 2020 à 20h12
(mis à jour le 6 septembre 2020 à 10h34)

Une bombe artisanale a tué deux militaires français et grièvement blessé un troisième, samedi matin dans le nord du Mali. «Le brigadier-chef de première classe S.T. et le hussard parachutiste de première classe Arnaud Volpe» étaient en opération dans la région de Tessalit, dans un «véhicule blindé» qui a été détruit «par un engin explosif improvisé», écrit la présidence française dans un communiqué.

Membres de la force française au Sahel pour l'opération «Barkhane», «les trois membres du véhicule ont été très gravement blessés et immédiatement pris en charge» après l'explosion, raconte l'état-major des armées françaises. Deux militaires ont ensuite succombé à leurs blessures, tandis que «l'état de leur camarade est stable, mais son pronostic vital demeure réservé».

Inquiétude depuis le coup d’Etat

Selon l’état-major, ce bilan porte à 45 le nombre de soldats français morts au combat dans le cadre des opérations «Serval» (2013) et «Barkhane» (depuis août 2014), qui compte 5 000 militaires. En novembre 2019, la France en avait perdu 13 dans un accident entre deux hélicoptères en opération au Mali.

Ces derniers mois, l'armée française et celles des pays africains du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) ont multiplié les offensives, en particulier dans la zone dite des «trois frontières» entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Elles ont revendiqué la «neutralisation» de plusieurs dizaines de jihadistes, dont l'émir d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l'Algérien Abdelmalek Droukdal, en juin. À quelques rares exceptions près, l'armée française ne précise jamais si elle a tué ou arrêté des combattants jihadistes, préférant le terme générique de «neutralisation».

Une certaine inquiétude pointe en France depuis le coup d'Etat du 18 août mené par un groupe de colonels contre le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, qui était au pouvoir depuis sept ans. Dans son communiqué, le président français Emmanuel Macron a ainsi appelé «à la mise en place sans délai d'une transition politique civile au Mali […] condition sine qua non d'une lutte efficace contre les terroristes».

«Un peu décourageant»

Fin août, le chef d'état-major des armées françaises, le général François Lecointre, avait indiqué souhaiter le maintien de «l'engagement de l'armée malienne dans la lutte contre les groupes armés terroristes». Et d'ajouter : «Nous allons voir si les armées maliennes sont en mesure de garder le tempo […]. Nous leur avons indiqué que ça nous paraissait essentiel, sauf à voir perdus tous les efforts réalisés depuis le sommet de Pau» en janvier.

Six mois après ce sommet dans le sud de la France, au cours duquel les dirigeants du G5 Sahel et la France avaient tenté de resserrer les rangs face aux jihadistes, Emmanuel Macron et ses homologues africains avaient réaffirmé leur détermination à Nouakchott. Mais la crise politique malienne a considérablement redistribué les cartes et la nouvelle donne n'est pas encore connue. «Ce putsch pose une grande difficulté au moment où on arrive à des résultats», reconnaissait récemment un haut responsable militaire français. «C'est un peu décourageant», admettait-il. «Il ne faut pas perdre ce qu'on a gagné en termes de sécurité et trouver vite une solution politique. Si on n'arrive pas à maintenir le tempo sécuritaire, c'est un retour en arrière. La junte en est d'accord».

L’armée française assure cependant que les opérations sur le terrain et la coopération entre «Barkhane» et les forces maliennes n’ont pour l’heure pas été impactées par le coup d’Etat. Samedi, les concertations nationales sur la transition au Mali se sont tenues à Bamako sans l’ex-rébellion à dominante touareg, faute d’entente avec la junte, à l’initiative de ce conclave sur les modalités d’une restauration du pouvoir civil.

«Au Sahel, la France est et reste engagée […] dans ce combat sans relâche contre les groupes armés terroristes», a déclaré la ministre des Armées Florence Parly dans un communiqué, rendant hommage à des soldats «qui sont allés au bout de leur engagement».

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