Il peut se passer une semaine entière sans qu’aucun visiteur ne pénètre dans le musée des Armées de Bamako. Dans la cour, un vieux MiG au nez coupé brûle au soleil. L’antique Oldsmobile qui servait à la revue des troupes du président Modibo Keïta rouille doucement sur des parpaings. Pour tromper l’ennui, le soldat de faction à l’entrée du bâtiment fait aussi office de guide. Devant le mur jauni consacré aux photos des cérémonies d’hommages présidentiels, il hésite un instant : faudra-t-il un jour ajouter un cadre représentant le colonel Assimi Goïta ?
Il est trop tôt pour deviner si le chef de la junte qui a renversé sans effusion de sang le président Ibrahim Boubacar Keïta se verra, à l’avenir, consacrer un simple paragraphe ou une statue en bronze au musée. Pour l’instant, le jeune officier (37 ans, soit la moitié de l’âge d’«IBK») jouit d’une opinion largement favorable au Mali, tout comme ses complices, un quintet de colonels quadragénaires inconnus avant le putsch – le quatrième de l’histoire du Mali. Les membres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) ont comme point commun d’avoir été formés au Prytanée militaire de Kati puis à l’étranger, et surtout d’être des «hommes de terrain» respectés par la troupe.
Soulagement
L’état de grâce dont ils bénéficient durera-t-il ? Depuis plusieurs mois, Ibrahim Boubacar Keïta, malade, était contesté dans la rue, de plus en plus déconnecté des réalités du pays, coupé des soutiens qui l’avaient fait élire en 2013 p