Zeina n'en revient pas : «Dix heures d'électricité de suite sans coupure !» s'exclame cette mère de trois enfants en ce début de soirée, trois jours après l'explosion dans le port de Beyrouth. «J'aurais eu largement le temps de faire tourner une deuxième machine de draps et de serviettes, après les vêtements des enfants», regrette cette habitante d'Achrafieh, un des quartiers très abîmés par l'explosion. Hasard ou calcul politique pour désamorcer la colère des habitants de la capitale après le drame du port ? Alors qu'il n'y avait pas de courant plus de trois ou quatre heures par jour au cours des semaines précédentes, voilà qu'il était disponible jusqu'à douze heures sur vingt-quatre dans les jours qui ont suivi la déflagration du 4 août. «Le gars chargé d'actionner l'interrupteur compterait-il parmi les victimes de l'explosion ?» se demandaient des Libanais à l'humour noir.
«Lumières, télé et frigo»
Guetter les coupures de courant, tester les interrupteurs et jongler avec les appareils électriques fait partie du quotidien des Libanais depuis des années. «Quand l'électricité de l'Etat est disponible, je peux brancher le climatiseur, lancer une lessive ou prendre l'ascenseur», explique Zeina. «Mais quand elle se coupe, c'est le générateur de l'im meuble qui prend le relais et sa puissance insuffisante permet juste de quoi garder les lumières, la télé et le frigo en marche», poursuit la quadragénaire. Comme tout foyer libanais, elle a deux fournisse