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Education

En Italie, un retour en classe incertain

La ministre de l’Education a beau avoir assuré aux Italiens que les cours reprendraient mi-septembre, la nouvelle hausse des contaminations dans le pays rend cette date peu probable.
A l'école Gianicolo Belvedere, à Rome, le 8 juin. (ANDREAS SOLARO/Photo Andreas Solaro. AFP)
publié le 26 août 2020 à 18h46
(mis à jour le 26 août 2020 à 20h46)

Ils n'ont plus mis le pied dans une salle de cours depuis le 5 mars. Et les 8,5 millions d'écoliers italiens n'y seront pas de retour avant le 14 septembre. Si tout va bien. Entre la fermeture pour cause de pandémie et les vacances estivales traditionnellement longues (de début juin à la mi-septembre), les petits Transalpins auront passé près de 200 jours à la maison. Au grand dam des familles et des enseignants. C'est pourquoi la ministre (Mouvement Cinq Etoiles) de l'Education, Lucia Azzolina, martèle : «L'école rouvrira en septembre, c'est une urgence absolue […]. Le retour en classe est fondamental, surtout pour les enfants des familles les plus fragiles. Ne pas le faire signifierait les laisser à la rue. La criminalité et les mafias n'attendent rien d'autre.» Dans cette optique, le gouvernement a préparé une série de mesures pour concilier exigences sanitaires et reprise des cours.

Tests sérologiques

Les horaires d'entrées et de sorties des classes, de même que ceux des récréations, seront échelonnés. Onze millions de masques seront distribués quotidiennement aux enseignants (qui devront, en outre, effectuer un test sérologique avant la rentrée) et aux élèves de plus de 6 ans. «Nous avons élargi les salles de classe et cherché de nouveaux espaces de manière à permettre aux élèves de pouvoir abaisser le masque là où le mètre de distance est garanti», a détaillé la ministre, qui a précisé que deux millions de nouveaux bancs avaient été commandés ainsi que 450 000 chaises.

Inconnues

Pour éviter les classes surchargées, des structures alternatives ont été recherchées dans les musées, les cinémas et même dans des hôtels, ou des appartements particuliers. Par ailleurs, 85 000 enseignants vont être recrutés. Si un élève est testé positif, les camarades de classe et les enseignants en contact avec le malade dans les quarante-huit heures précédentes seront placés en quarantaine, avec leçons à distance pendant quatorze jours. Le document du comité scientifique précise néanmoins qu'un cas positif isolé ne devrait pas déterminer automatiquement la fermeture de tout l'établissement. Pour la reprise des cours, la ministre Azzolina a insisté sur la marge de manœuvre laissée aux établissements : «Il n'y a pas une, mais plusieurs écoles. Chaque situation est différente et l'autonomie des responsables scolaires est vaste.» Des proviseurs pourront, par exemple, décider d'organiser pour certaines classes des enseignements à distance. Mais des inconnues demeurent. En raison du redémarrage des cas de contamination (près de 1 000 pour la seule journée de lundi), le professeur Walter Ricciardi, médecin et conseiller au ministère de la Santé, a laissé échapper qu'«on risque de devoir repousser la réouverture des écoles […]».

Face à la bronca suscitée par sa déclaration, il a rétropédalé. Mais les interrogations sur la reprise des cours sont aussi alimentées par les syndicats qui dénoncent des «retards», des «règles confuses», un «manque de moyens» et qui craignent également d'éventuelles poursuites pénales en cas d'infractions et d'infections. Courroucée, la ministre Azzolina a attaqué les confédérations en dénonçant «un acte de sabotage».