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Elections américaines

Convention républicaine : Make Trump Candidate Again

Le président américain sera officiellement réinvesti lors de l'événement qui a lieu à partir de ce lundi. Malgré une base militante acquise, plusieurs dizaines de personnalités du parti ont annoncé qu'elles voteront en novembre pour son adversaire démocrate, Joe Biden.
Le président Donald Trump lors d'une conférence au Trump National Golf Club de Bedminster dans le New Jersey, le 14 août. (JIM WATSON/Photo Jim Watson. AFP)
publié le 24 août 2020 à 5h01

Après une semaine de convention démocrate, où les figures du parti, le candidat à la présidentielle Joe Biden en tête, n'ont eu de cesse de présenter Donald Trump comme une «menace existentielle pour la démocratie américaine», et le scrutin de novembre comme un choix entre «les ténèbres et la lumière», le président américain a répondu, à sa façon. Avec une alternative : «Je suis le seul rempart entre le rêve américain et l'anarchie, la folie et le chaos», a-t-il lancé vendredi, devant un groupe conservateur. Donnant le ton de son intervention lors de la convention nationale républicaine, qui commence ce lundi à Charlotte (Caroline du Nord).

Le président doit être réinvesti formellement ce lundi par les délégués du parti, et fera son discours d'acceptation jeudi, depuis les jardins de la Maison Blanche. Ses adversaires n'ont pas manqué de lui reprocher de brouiller les lignes, entre sa fonction et sa campagne, en utilisant ce bâtiment fédéral et hautement symbolique dans un but électoral. A l'instar de son pendant démocrate, la plupart des événements de la convention républicaine se tiendront virtuellement. La pandémie de coronavirus (176 000 morts) fait toujours rage aux Etats-Unis, et Donald Trump n'aura pas, malgré son insistance, droit aux foules de supporteurs festifs et enthousiastes pour dynamiser sa campagne, alors qu'il est depuis des semaines devancé dans les sondages par Biden. Il a néanmoins laissé entendre que l'«immense pelouse» de la Maison Blanche pourrait «accueillir beaucoup de monde» pour son discours.

Réplique miniature

Outre l'adresse de la première dame, Melania Trump, mardi, et celle du vice-président Mike Pence, le lendemain, les interventions de proches du Président sont au programme. La famille Trump, qui constitue son premier cercle à la Maison Blanche comme dans son équipe de campagne, est surreprésentée : ses quatre enfants adultes (Ivanka, Donald Jr, Tiffany, Eric, et l'épouse de celui-ci, Lara) ont tous droit à un discours. Mais également l'avocat personnel de Trump et ancien maire de New York Rudy Giuliani, le chef des Républicains au Sénat Mitch McConnell et son homologue à la Chambre Kevin McCarthy, quelques élus du Congrès fidèles à Trump, l'ancienne ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies Nikki Haley, vue comme une candidate potentielle à la présidentielle de 2024, ou encore la gouverneure du Dakota du Sud Kristi Noem, qui a su s'attirer les faveurs présidentielles en accueillant Trump pour une grandiose célébration de la fête d'indépendance, le 4 juillet, au pied du Mont Rushmore. Et en offrant, selon le New York Times, une réplique miniature du monument aux visages sculptés des présidents Washington, Jefferson, Roosevelt et Lincoln, auxquels avait été rajouté celui de Donald Trump.

Des anonymes devenus célébrités dans la galaxie trumpienne auront, eux aussi, droit à leur coup de projecteur, comme Nicholas Sandmann, un adolescent dont la vidéo de l’altercation avec un activiste amérindien lors d’une manifestation à Washington en 2019 était devenue virale. Ou le couple McCloskey, des avocats du Missouri célébrés par les pro-Trump pour avoir menacé, armes à la main, des manifestants de Black Lives Matter en juin. Mais peu de poids lourds du parti ont été annoncés, à l’inverse de la convention démocrate, qui a vu trois anciens présidents apporter leur soutien à Joe Biden (Jimmy Carter, Bill Clinton et Barack Obama). George W. Bush, seul ancien président républicain encore en vie, a depuis longtemps pris ses distances avec le milliardaire.

Des Républicains anti-Trump

Si Donald Trump bénéficie toujours du soutien indéfectible de sa base (82% des électeurs républicains approuvent son action, selon un récent sondage), les élites du Grand Old Party ne se précipitent pas pour faire front uni derrière le Président. Organisations de terrain et comités d’action politiques, dirigés par des anciens membres des campagnes et des administrations de Bush ou de John McCain, ont même été créés pour faire barrage à Trump et appeler à voter pour l’ancien vice-président d’Obama. Les démocrates ont également donné la part belle, lors de leur convention, à certaines prises de guerre républicaines, de l’ancien secrétaire d’Etat de Bush Colin Powell à la veuve de McCain, en passant par l’ex-gouverneur de l’Ohio John Kasich.

Jeudi, alors que Joe Biden acceptait la nomination de son parti pour affronter Trump en novembre, plus de 70 anciens élus du GOP au Congrès et responsables à la sécurité nationale d'administrations républicaines (y compris celle de Trump), ont annoncé leur soutien au candidat démocrate. «Comme tous les Américains, nous avons espéré que Donald Trump gouvernerait avec sagesse, écrivent-ils dans d'une lettre ouverte, publiée par le Wall Street Journal. Mais il a déçu des millions d'électeurs qui lui avaient donné leur confiance, et a montré qu'il était dangereusement inapte à faire un nouveau mandat.» Ils accusent Trump d'avoir «gravement mis en danger le rôle de l'Amérique comme leader du monde», montré qu'il était «incapable de diriger le pays pendant la crise nationale» de la pandémie de coronavirus, et qu'il avait «sollicité des puissances étrangères, et sapé la confiance en nos élections».

Depuis le début de l'été, Trump cherche en effet à délégitimer l'intégrité du scrutin, en prévenant d'hypothétiques «fraudes massives» notamment dues au vote par correspondance, pourtant indispensable en temps de pandémie. Jeudi, le Président a même menacé d'envoyer les forces de l'ordre pour surveiller les bureaux de vote le jour de l'élection. Son message auprès de ses électeurs est clair, ainsi qu'il l'a affirmé mi-août : «La seule façon pour nous de perdre cette élection, c'est si elle est truquée.»