Abdel Moyn avait 23 ans, il s'était allongé après sa journée de travail sur le sol de l'usine où il était employé face au port quand une grande fenêtre et un pan de mur soufflés par l'explosion l'ont écrasé dans son sommeil. Il est mort sur le coup. «Il n'a probablement pas senti ce qui lui est arrivé», veut croire Latif, 17 ans, son collègue et concitoyen de Deir el-zor, dans l'est de la Syrie, en montrant les photos du corps du jeune homme au visage ensanglanté par les débris, puis un portrait de lui souriant quelques jours avant. Le nom de l'ouvrier syrien, arrivé au Liban à l'âge de 14 ans, n'a pas été mentionné parmi les 143 victimes dont les identités ont été déclamées une par une au micro lors de l'hommage rendu mardi, une semaine après la double explosion fatidique du 4 août.
A lire aussi A Beyrouth, une colère croissante
Devant les décombres du port de Beyrouth et face aux immeubles déchiquetés, des centaines de personnes s'étaient rassemblées, drapeaux libanais à la main, pour marquer autant leur deuil que leur colère. Moment d'intense émotion, une minute de silence a été observée à 18 h 08 précises, heure de la grosse déflagration. Puis les cloches des églises se sont mises à sonner, les muezzins ont appelé à la prière et la foule a sangloté. «On est finis, on est finis ! se lamente une jeune mère de famille présente. Beyrouth, son