Directrice associée du Center for American Women and Politics, un département de l’université Rutgers spécialisé dans la recherche sur la participation des femmes dans la politique américaine, Jean Sinzdak revient sur la stratégie de la campagne de Joe Biden, son choix de Kamala Harris comme colistière et l’importance du vote des électrices blanches et éduquées de banlieue.
La campagne pour les primaires a commencé avec un ensemble de candidat(e)s plus divers que jamais, pour terminer avec un vieil homme blanc comme représentant du parti à la présidentielle. Le choix de Kamala Harris est-il un moyen de rattraper le coup ?
Bien sûr, ça ne fait pas de mal, et c’est même historique à plusieurs titres. Biden semble réaliser que la période appelle à soutenir la diversité et l’élévation des femmes à des postes de pouvoir. Quand il a annoncé il y a plusieurs mois qu’il choisirait une femme comme colistière, il était clair que c’était une façon de reconnaître l’importance cruciale de l’électorat féminin pour le Parti démocrate.
A lire aussi Kamala Harris, pionnière dauphine
Qui cherche-t-il à séduire ?
Les électeurs noirs, et en particulier les femmes noires, base extrêmement loyale au Parti démocrate. Le choix de Harris vise à consolider leur soutien, et à tenter de créer un peu d’enthousiasme pour améliorer leur participation à l’élection. Il cherche également à donner des gages aux femmes de banlieue, électorat clé pour le scrutin de novembre, qui se détournent aujourd’hui assez nettement du président Trump pour lui préférer Biden. Dans ce cadre, le choix de Harris est assez malin, parce qu’elle ne représente pas l’extrême gauche ni même la frange