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Ma frontière bien aimée (21/36)

Le Canada, refuge fictif

Souvenirs de passages de frontières, réelles, fictionnelles ou fantasmées. Il est toujours temps de rêver quand voyager devient compliqué.
(Illustration Christelle Causse)
publié le 10 août 2020 à 15h31

Qui aurait cru, il y a trente ans, que passer des Etats-Unis au Canada, deux vaillantes démocraties défendant le monde libre, deviendrait un tel symbole de liberté ? Peut-être Julien Coupat et Yildune Lévy, qui franchirent la frontière à pied, à travers les bois, en 2008. Les deux intellectuels anarcho-autonomes, membres de l’éminent groupe de Tarnac, ne voulaient pas donner leurs empreintes et autres informations personnelles aux douanes, préférant rester en petit comité invisible. Depuis, maintenant que les Etats-Unis sont chaque jour un peu plus susceptibles de tomber dans le fascisme libéral, le Canada apparaît dans les œuvres de fiction comme le dernier espoir de ceux qui défendent la liberté.

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Dans la série The Handmaid's Tale , immense succès adapté de l'œuvre de Margaret Atwood, tandis que les Etats-Unis se transforment en dictature antiféministe, le grand voisin neigeux reste «normal», une démocratie qui accueille une partie de la résistance, voire combat avec elle à la frontière. Histoire proche également du côté du Complot contre l'Amérique, le roman de Philip Roth, mis en série par David Simon cette année. Dans cette uchronie, les Etats-Unis, pendant la Seconde Guerre mondiale, élisent pour président Charles Lindbergh, un antisémite notoire qui mène une politique de ségrégation et de déplacements forcés des populations juives. Beaucoup d'entre eux décident alors de fuir vers le Nord. Comme si, pour les romanciers et les scénaristes hollywoodiens, il n'y avait plus que le Canada pour incarner le rêve américain.

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