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reportage

«C’est fini, je veux quitter le Liban, il n’y a plus rien ici»

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Plus de 135 morts, une centaine de disparus, 4 000 blessés et quelque 300 000 personnes privées de domicile. Au lendemain de la violente explosion qui a ravagé la moitié de la capitale, les Libanais croisés dans les rues dévastées de Beyrouth étaient sous le choc.
La moitié de la capitale libanaise a été endommagée par l’explosion, mardi, de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium. (Photo Myriam Boulos pour Libération)
par Clotilde Bigot, correspondance à Beyrouth, photos Myriam Boulos
publié le 5 août 2020 à 18h41

Beyrouth est sinistré. Une ville aux allures de fin du monde que ses habitants découvrent avec effroi. La moitié de la capitale a été gravement endommagée, mais c'est tout le pays qui a ressenti la secousse provoquée par l'explosion de 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium, ce puissant engrais pouvant être utilisé dans la fabrication d'explosifs. Tout autour de cette zone portuaire, située à quelques centaines de mètres de quartiers huppés et branchés de la capitale, des voitures ont été calcinées par le choc, retournées par la puissance de la déflagration, et jonchent les rues en attendant d'être ramassées. Les bâtiments sont éventrés, inhabitables, leurs fenêtres soufflées. La reconstruction de la ville détruite et de ses alentours devrait coûter a minima 3 milliards de dollars selon le gouverneur de la ville. Pas un immeuble a résisté au choc de ce souffle ressenti jusqu'à Chypre, à plus de 200 kilomètres des côtes.

Soir funeste

Les habitants, eux, sont hagards pour certains, en colère pour la plupart. Ils sont 300 000 à s’être retrouvés du jour au lendemain sans domicile, inaccessible ou menaçant de s’effondrer. Les raisons des explosions sont désormais claires, mais chaque Libanais affirme une chose : cet engrais chimique n’avait rien à faire là. Cependant, les coupables sont tous au pouvoir, avec la crainte qu’aucun ne sera jugé, pensent les Libanais.

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