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Cible

L'Iran tire sur un porte-avions américain en maquette

Pour un exercice, les Gardiens de la révolution ont procédé à une démonstration de force dans le golfe Persique, théâtre de tensions récurrentes avec les Etats-Unis. Washington a brièvement mis ses bases en état d'alerte et dénoncé un comportement «irresponsable».
Exercices militaires iraniens dans le détroit d'Ormuz, le 19 juillet. (-/Photo AFP. Guardiens de la révolution. Sepah News)
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publié le 29 juillet 2020 à 18h22

Terre, mer, air et même espace : la République islamique a sorti toute son armada lors d’un imposant exercice militaire organisé mardi dans le détroit d'Ormuz. Une démonstration de force, au moins autant qu’un entraînement, alors que les tensions avec les Etats-Unis demeurent très fortes, notamment dans la région stratégique du golfe persique. Pour l’occasion, les Gardiens de la révolution, l’armée parallèle qui ne répond qu’au Guide suprême, ont déployé la maquette d’un porte-avions américain, sorte d’immense barge flottante comprenant de faux avions sur son (faux) pont d’envol.

L'Iran n'est pas le seul pays à utiliser des reproductions pour ses exercices militaires, à l'instar de la Chine qui a fabriqué une imitation de porte-avions pour tester la précision de nouveaux missiles, mais le message envoyé par Téhéran est des plus explicite : les Etats-Unis ne sont pas les bienvenus dans ces eaux, et les Gardiens de la révolution, aussi appelés Pasdaran, se préparent à un éventuel affrontement en mer.

L'une des nombreuses vidéos de l'exercice, baptisé «Prophète Mohammed 14», montre un drone tirer un missile antinavire sur la maquette, puis un nuage de fumée s'élever du porte-avions. Sur d'autres images, le faux bâtiment apparaît entouré d'une nuée de vedettes rapides, reprenant un mode d'action que les Pasdaran affectionnent à proximité de leurs eaux territoriales.

La maquette avait déjà été utilisée en 2015, lors de l'exercice «Prophète Mohammed 9». Sévèrement endommagée, elle était restée dans cet état jusqu'au début de cette année, quand des travaux ont permis de la remettre en état, laissant présager une nouvelle démonstration à court ou moyen terme.

Mardi, les Gardiens de la révolution ont aussi mis à feu une grande variété de missiles depuis toute sorte de lanceurs à terre, en mer et dans les airs, d'après les images officielles. Pour la première fois, a affirmé le chef de la branche aérospatiale Amirali Hajizadeh, des missiles balistiques ont été tirés depuis des abris souterrains. Autre nouveauté, toujours d'après les Pasdaran : l'exercice a été suivi depuis l'espace extra-atmosphérique grâce au satellite d'observation Nour, lancé le 22 avril.

Cette agitation militaire n’a pas échappé aux Etats-Unis, qui maintiennent une forte présence dans les eaux du Golfe et sur la rive opposée, avec des bases au Qatar et à Bahreïn, et des forces stationnées aux Emirats arabes unies. Deux de ces emprises ont brièvement haussé leur niveau d’alerte alors que plusieurs missiles envoyés sont retombés dans le sud du Golfe.

L'US Navy a dénoncé un comportement «irresponsable» de la part de l'Iran, qualifié de tentative «d'intimidation», tout en soulignant les risques pour le transport maritime dans une zone très fréquentée : un tiers du brut acheminé par la mer et un quart des échanges de gaz naturel liquéfié empruntait ce détroit en 2018. Au mois de mai, lors d'un précédent exercice, la marine iranienne avait accidentellement tiré sur un de ses navires, tuant dix-neuf membres d'équipage.