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Allemagne : «On prend le risque de perdre le contrôle du virus»

publié le 29 juillet 2020 à 18h41
(mis à jour le 29 juillet 2020 à 20h41)

Les Allemands indisciplinés ? Si l’on en croit les virologues et les responsables politiques, il y a en tous les cas un gros relâchement outre-Rhin dans les gestes barrières. Alors que l’Allemagne avait été louée pour sa gestion de crise exemplaire, cela risque bien de ruiner sa réputation de «première de la classe».

«Les gens ne respectent plus les règles», a déploré mardi Lothar Wieler, le directeur de l'institut de veille sanitaire Robert-Koch, qui s'est alarmé d'une situation «très préoccupante». Fêtes privées et bars transformés en boîtes de nuit «spontanées» pourraient être à l'origine d'une nouvelle poussée infectieuse qui inquiète les autorités sanitaires. Ce week-end, la police a dispersé 3 000 personnes qui faisaient la fête dans un parc à Berlin. «La seconde vague est là», s'est alarmé le ministre-président de Saxe, Michael Kretschmer. «On prend le risque de perdre le contrôle du virus», a prévenu Lothar Wieler, sans toutefois parler de seconde vague.

Alors que la tendance était à la baisse, le nombre des infections a de nouveau grimpé de manière significative ces derniers jours (550 cas par jour, contre 350 à la mi-juillet). La situation est d’autant plus inquiétante qu’il ne s’agit plus de clusters (abattoirs, foyers de travailleurs saisonniers, fermes maraîchères, etc.) mais de cas éparpillés sur tout le territoire.

Berlin conseille donc fortement de rester en Allemagne pour ses vacances. Une recommandation suivie par la chancelière elle-même, qui a renoncé à ses traditionnelles randonnées dans le Tyrol italien. La perspective d’une seconde vague mobilise tous les ministères de son gouvernement. Aux Affaires étrangères, on déconseille de se rendre dans certaines régions d’Espagne, dont la Catalogne, mais aussi les plages de la Costa Brava, en raison d’une poussée infectieuse. A la Santé, on met en place un système de test obligatoire pour les vacanciers de retour d’une «zone à risque», c’est-à-dire principalement hors de l’Union européenne. Le décret entrera en vigueur dès la semaine prochaine et ne concernera pas seulement les aéroports. Une nouvelle fermeture des frontières, notamment avec la France, a été exclue par le ministre de l’Intérieur. Les médecins doutent néanmoins de l’efficacité des tests aux frontières, rappelant que la période d’incubation peut atteindre jusqu’à deux semaines.

Le spectre de la seconde vague inquiète surtout les milieux enseignants, alors que la rentrée scolaire a lieu dès lundi dans certaines régions. La Fédération des enseignants ne croit déjà plus à une reprise normale des cours. Les Länder (l'éducation est l'une de leurs prérogatives) s'étaient mis d'accord avant l'été pour une reprise sans distanciation sociale «à la seule condition que les infections ne remontent pas». Par ailleurs, les écoles risquent d'avoir une pénurie de main-d'œuvre, avec près de 20 % du corps enseignant appartenant aux groupes à risque.