Bouton Lire dans l'app Lire dans l'app

Un second jihadiste français soupçonné de génocide contre les yézidis

par
publié le 28 juillet 2020 à 18h41
(mis à jour le 28 juillet 2020 à 20h41)

Un second Français est désormais visé par une enquête de la justice hexagonale pour crimes contre l’humanité et le plus grave d’entre eux, le génocide. Le 10 juillet, le Parquet national antiterroriste (Pnat), qui comprend un pôle spécialisé dans les crimes contre l’humanité, a ouvert une information judiciaire contre Nabil G., Français membre de l’Etat islamique, en raison des exactions qu’il est soupçonné d’avoir commis contre la minorité yézidie. Entre 2 000 et 5 000 membres de cette communauté ont été assassinés par les jihadistes et environ 6 000 asservis, principalement des femmes et des enfants, selon les Nations unies.

Selon nos informations, l’homme a été reconnu par l’une de ses victimes, qui réside désormais à l’étranger. Elle a pu être entendue par les enquêteurs français qui travaillent, depuis 2017, sur les crimes contre l’humanité commis par l’organisation terroriste, notamment contre les yézidis. En février 2017, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), en collaboration avec des organisations syriennes et irakiennes, était parvenue à rassembler les témoignages de douze femmes incriminant des jihadistes français ou francophones et les avait portés à la connaissance de la justice. Une partie de ces témoignages était citée dans un rapport de la FIDH et de l’organisation kurde irakienne, Kinyat, rendu public en octobre 2018.

«Ces femmes ont une grande volonté de participer à ces procédures dont elles comprennent le sens et l'utilité. Il leur faut beaucoup de courage pour aller jusqu'au bout de leur témoignage», indique Clémence Bectarte, avocate de la FIDH, qui se félicite de l'ouverture de cette enquête, «une grande avancée».

Nabil G., qui aurait une trentaine d’années, n’était pas un cadre connu de l’organisation, contrairement à l’autre Français recherché pour génocide, Sabri Essid. Ce vétéran du jihad irakien, proche de Mohammed Merah, fait l’objet, depuis février 2020, d’un mandat d’arrêt pour génocide et crime contre l’humanité, pour des exactions contre des femmes yézidies. Il est supposé mort mais, en l’absence de preuve du décès, la justice n’abandonne pas les poursuites.