Son combat fut longtemps solitaire. Silhouette sèche et crâne lisse de bonze, le physique même de ce général de réserve sexagénaire incarne une forme d'ascétisme buté. Leader du mouvement des «Drapeaux noirs», un symbole choisi pour mettre en garde contre «la mort de la démocratie», Amir Haskel est l'inattendu visage de la vague de protestation anti-Nétanyahou de ces dernières semaines. Son happening solo devant la résidence du Premier ministre est devenu un mouvement jeune et festif, grossissant à vue d'œil au fil des manifestations quasi quotidiennes contre l'indéboulonnable «Bibi», à qui les milliers de manifestants reprochent autant les casseroles que la gestion erratique de la crise sanitaire, et même les velléités d'annexion en Cisjordanie en pleine pandémie.
Pour Nétanyahou, il ne s'agit là que d'un épiphénomène exagéré par la «propagande bolchevique» des médias, mené par des «anarchistes» cherchant à plonger le pays dans «la violence et le vandalisme», bien qu'aucune dégradation n'ait été constatée. Peu échaudé par ces qualificatifs et plus déterminé que jamais, Amir Haskel explique les raisons de son engagement contre la corruption.
En tant qu’initiateur du mouvement, pouvez-vous en raconter le point de départ ?
Je ne me considère pas comme le meneur des manifestations actuelles. Le leader, c'est le peuple ! Le peuple d'Israël qui se révolte contre Benyamin Nétanyahou et la situation actuelle. Pour ma part, j'ai commencé mon chemin il y a bien plus longtemps. C'était il y a quatre ans, en me tenant debout [a