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Récit

Affaire Djamila Boupacha : le tournant d’une vie

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Gisèle Halimi a défendu en 1960 la jeune femme, militante du FLN algérien arrêtée pour tentative d’attentat puis torturée et violée par des militaires français.
Au palais de justice de Paris, dans les années 70, lors d’un procès pour divorce. (Photo Janine Niepce. Roger-Viollet)
publié le 28 juillet 2020 à 18h51

C'était le temps des massacres et des déchirures en Algérie. On ne parlait alors que d'«événements». Les affrontements entre les indépendantistes algériens et l'armée française étaient pourtant déjà bien nourris et la torture pratiquée depuis plusieurs années. Gisèle Halimi, née en Tunisie en 1927, est avocate et engagée dans la cause indépendantiste et la défense des colonisés depuis ses études de droit et son admission au barreau de Tunis, puis de Paris.

En février-mars 1958, dans un climat d'une extrême tension et de menaces, elle a défendu avec Léo Matarasso 44 Algériens poursuivis pour l'attaque d'El-Halia durant laquelle 35 civils européens ont été massacrés en août 1955 dans le Constantinois. Les avocats démontrent l'instruction à charge, les trucages du dossier, la négation des droits de la défense et révèlent les supplices des accusés durant les interrogatoires. «Nous étions les avocats des tueurs, nous avions capitalisé une haine que nous n'avions jamais rencontrée auparavant en Algérie», racontait-elle au quotidien El Watan en 2001. Ils parviennent à éviter la peine de mort à leurs clients.

«Bouleversée»

Gisèle Halimi a eu moins de chance quelques mois plus tôt avec Badèche Benhamdi, guillotiné - après avoir été torturé dans la sinistre villa Sésini sur les hauteurs d’Alger - pour le me