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Reportage

Cameroun : «A Douala, pour tuer tranquille, pas besoin de se cacher»

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Depuis plusieurs semaines, les lynchages se multiplient dans les rues de la capitale économique. Ces violences interviennent après des libérations massives de prisonniers, alors que l’Etat peine à lutter contre la délinquance ordinaire.
Des mototaximans dans les rues de Douala, au Cameroun, en novembre 2013. (Photo Jean Pierre Kepseu. Picture Alliance. Africamediaonline)
par Nacim Chikh, Correspondant à Douala
publié le 27 juillet 2020 à 17h16

La cohue a déserté les alentours du marché longeant le cimetière de Bonabéri, d'ordinaire bondé en ce début juillet, malgré le crachin permanent qui rythme l'été doualais au Cameroun. Les vendeurs ambulants ont abandonné leurs stands de fruits et de cigarettes pour se joindre à l'agitation qui anime le chemin menant au quartier. Là, les mototaxis ont improvisé un barrage avec leurs engins et filtrent les curieux qui se pressent pour observer le spectacle macabre. «C'est le second accusé du même vol de câbles électriques cette semaine et, comme pour le premier, personne ne prévient la police. Faites attention, s'ils vous prennent pour cible, personne ne pourra rien faire», prévient une jeune vendeuse d'arachides, très mal à l'aise face à la scène qui se déroule devant nos yeux.

Un jeune homme d'allure adolescente tente d'échapper en vain aux coups de bâton et de machette qui s'abattent sur lui de toutes les directions. Les hésitations des assaillants lui offrent un court répit avant qu'une moto ne le fauche et roule sur sa jambe dans un bruit insupportable. Il ne se relèvera plus. Les coups continuent de pleuvoir bien après que le malheureux a cessé d'émettre le moindre son. Son corps inerte est alors aspergé d'essence puis enflammé à l'aide d'un torchon. Ses bourreaux, leur forfait fini, recueillent les vivats de la foule. «C'est comme ça à Douala. Tu voles, tu meurs. La police n'enquête jamais sur ce genre de délits et ne se déplace même pas. Donc la justice, c'