Pour avoir sauvé 180 migrants récupérés en mer fin juin, le navire humanitaire Ocean Viking, affrété par l'ONG SOS Méditerranée, se retrouve depuis mercredi bloqué en Sicile, à Porto Empedocle. Les autorités italiennes ont immobilisé l'embarcation, notamment au motif - selon le communiqué des gardes-côtes transalpins - que «le navire a transporté un nombre de personnes supérieur» à sa capacité réglementaire. Une inspection à bord a été effectuée avant que le navire ne soit immobilisé pour «irrégularités techniques». Pour les responsables de l'organisation humanitaire, cette «rétention administrative» est de toute évidence un prétexte, une «mesure vexatoire» destinée à empêcher le navire, qui a subi quatre contrôles techniques ces dernières années, de reprendre la mer. Et cela alors que les départs depuis la Tunisie, en pleine crise économique, et la Libye, en proie à un conflit armé, ont fortement repris depuis plusieurs semaines.
En vingt-quatre heures, plus de 550 personnes ont débarqué mercredi à Lampedusa et l'Organisation internationale pour les migrations déplore au moins 402 morts depuis le début de l'année en Méditerranée. «Selon le droit maritime, les personnes mises en sécurité à bord de l'Ocean Viking doivent être considérées comme des rescapés […] et en aucun cas comme des passagers», indique l'ONG pour souligner que les limites réglementaires du nombre de personnes à bord d'un navire ne peuvent être appliquées à des naufragés récupérés en mer. Après avoir déjà été bloqué au large de la Sicile pendant dix jours par les autorités italiennes, ce n'est que le 7 juillet que l'Ocean Viking a pu transférer les 180 migrants sur un ferry, où ils ont dû observer - pour cause de mesures anti-Covid - deux semaines de quarantaine avant leur accueil à terre. Le navire a ensuite été soumis lui aussi à une quatorzaine. La nouvelle immobilisation du bateau fait suite à des entraves administratives similaires appliquées à trois autres navires de secours des migrants.
Alors que le pic des traversées a généralement lieu en été, il n’y a plus d’opérations d’ONG en cours en Méditerranée. Un an après le départ du pouvoir du leader d’extrême droite Matteo Salvini, la politique migratoire du nouveau gouvernement italien (gauche-Mouvement Cinq Etoiles) n’a pas radicalement changé.