Où culmine l'absurdité dans l'affaire Serebrennikov ? Dans un dossier judiciaire si manifestement monté de toutes pièces qu'il en relève du théâtre de l'absurde ? Dans ce triste spectacle, typique des tribunaux russes, qui voit la juge lire à toute vitesse et d'une voix monocorde un verdict interminable ? Dans l'attente, sous un soleil de plomb, des centaines de personnes venues vendredi soutenir le metteur en scène, toutes rivées à leur téléphone portable, à l'affût de la moindre bribe d'information filtrant de la salle d'audience ? Ou bien dans le fait que la condamnation de quatre innocents à plusieurs années de prison avec sursis après trois ans d'un procès kafkaïen prenne un arrière-goût d'acquittement ? Il est 16 h 40 à Moscou quand la juge, qui lisait le verdict depuis près de six heures, arrive enfin au moment fatidique. Sur la place, l'information se répand comme une traînée de poudre : trois ans de prison avec sursis et 800 000 roubles d'amende (plus de 10 000 euros) pour Kirill Serebrennikov. Deux et trois ans avec sursis pour ses co-accusés. «Du sursis… C'est la vie et la culture qui sont en sursis dans notre pays», écrit de son côté le critique Anton Doline.
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