Combien de temps durera cette politique de la noyade ? On ne peut pas qualifier autrement l’attitude des pays européens à l’égard des réfugiés qui affluent des zones de guerres ou de dictatures d’Afrique et du Moyen-Orient. On craint «l’appel d’air» : on les expédie sous l’eau… Les boat people d’Asie, en leur temps, avaient suscité une compassion plus intense et une solidarité plus active. Les chiffres exclusifs que nous publions aujourd’hui viennent encore souligner le scandale humanitaire alors que les gouvernements, la France notamment, par calcul ou indifférence, détournent obstinément le regard. Les migrants ont dépensé au fil du temps une quinzaine de milliards pour franchir le filet déployé par les Européens, qui ont eux-mêmes dépensé la même somme pour les en empêcher. Il est permis de penser que ces sommes auraient été mieux employées ailleurs. S’agit-il d’ouvrir indistinctement les frontières ? Non : il s’agit d’élaborer une solution humaine et réaliste à une crise inédite dans l’histoire des migrations du Vieux Continent et qui risque de s’aggraver. Jean-Claude Juncker a ouvert - prudemment - la voie : instaurer, avec les précautions requises, une filière légale d’accueil qui permette aux réfugiés de faire valoir un droit reconnu dans toutes les conventions internationales, avec un effort équitablement réparti entre les pays européens. Même si les chiffres prévus sont trop modestes pour dissuader les damnés de la guerre de tenter leur chance sans visa, ce serait un premier pas. En attendant mieux, il est urgent de le franchir.
EDITORIAL
Les damnés de la guerre
par Laurent Joffrin
publié le 17 juin 2015 à 22h51
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