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Reportage

Au Yémen, le président Saleh touché mais pas éjecté

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A Sanaa, après le bombardement de la mosquée qui a blessé le chef de l’Etat, la population s’interroge : complot interne à la tête du régime ou attaque des tribus rebelles ?
par Luc Mathieu et Benjamin Wiacek, Correspondance à Sanaa
publié le 4 juin 2011 à 0h00

Une fumée grise et noire s'échappait toujours de la mosquée du palais présidentiel, deux heures après l'explosion. Il était environ 13 heures, vendredi, lorsqu'une salve d'obus s'est abattue sur le bâtiment. Le président Ali Abdallah Saleh, qui assistait à la prière du vendredi, s'en est tiré avec «une légère blessure à l'arrière de la tête», selon la télévision d'Etat qui a diffusé dans la soirée un bref message audio du Président. «Grâce à Dieu, son Excellence, le Président va bien», a ajouté l'agence de presse nationale, Saba. L'imam Ali al-Matari et trois gardes présidentiels ont été tués dans l'explosion. Plusieurs responsables du gouvernement, dont le général Rashad al-Alimi, vice-Premier ministre, et Yahya al-Raï, chef du Parlement, auraient été grièvement blessés.

«Roquette». L'attaque, la première qui vise directement le président yéménite depuis le début du soulèvement populaire, en janvier, a suscité des réactions opposées dans les rues de Sanaa. «J'aurais bien voulu que Saleh se prenne une roquette dans la tête. S'il avait été tué, cela aurait réglé beaucoup de problèmes au Yémen», déclare Hussein, chauffeur de taxi. A l'inverse, trois hommes qui discutaient à proximité du Parlement regrettaient que l'on puisse viser une mosquée. «Cela va trop loin. Ce genre d'attaques ne peut que faire empirer la situation», estime l'un d'eux.

Alors qu’une accalmie semblait se profiler, vendredi, à l’aube, les affrontements ont