Une génération d'artistes est en train d'éclore qui, les rêves de liesse populaire remisés sine die, n'aura à ce jour connu du succès que les éloges étouffés sous les couches de mesures prophylactiques. Pourvoyeuse d'une chanson française éveillée, capable d'empoigner des thèmes tels que la solitude, la colère, la jalousie ou la perversité, sans minauder ni s'époumoner, Clou pointe ainsi dans l'antichambre de la reconnaissance. Produit par Dan Levy, la moitié masculine de The Dø, son premier album, attendu début 2020, n'a éclos qu'en septembre. Des critiques élogieuses ont validé l'essai, y compris émanant de ses pairs, tel le vétéran Yves Simon (dont elle a repris les Gauloises bleues), par SMS interposés : «…les mots, les mélodies, le disque reste majeur».
Pour autant, l'hypothèse de monter sur scène, elle, demeure une indécrottable chimère, tout au plus médiatiquement entretenue par les victoires de la musique où, mi-février, Clou va postuler dans la catégorie «révélation féminine», interprétant en direct devant (sauf miracle) les fauteuils vides de la Seine musicale de Boulogne-Billancourt la chanson Jusqu'ici tout va bien. Une antiphrase narguant cette déconfiture, dont, soit dit en passant, Clou se refuse à en faire des tartines. «J'ai choisi de vivre la période actuelle avec fatalisme plutôt que de ressasser une vaine colère, en me réappropriant cette notion du temps, qu'habitués à un rythme frénétique, on avait délaissée. Une fois surmon