C'est le genre de mémoires qu'on dévore d'une traite, bourrés d'anecdotes hilarantes et de portraits attachants. François Ravard a été le manager de Téléphone durant dix ans, puis il a travaillé avec Gainsbourg, Mocky, les Rita Mitsouko, Marianne Faithfull et bien évidemment les Insus. A 15 ans, rebelle à l'autorité, il quitte l'école, part sur la route en fumant du shit jusqu'au Maroc, avant de s'inscrire dans une boîte à bac et de découvrir la philosophie et le rock. «Je ne vois pas pourquoi aujourd'hui encore un adolescent lisant le Colosse de Maroussi, le livre de voyage d'Henry Miller, ne pourrait plus suivre son injonction à partir.» Coécrit avec Philippe Manœuvre, Rappels, mémoires d'un manager, évite soigneusement la langue de bois et les longueurs complaisantes. Et quand il parle de Téléphone, François Ravard dit «on», puisqu'il était le cinquième membre du groupe.
Vous racontez qu’aux débuts de Téléphone, à la fin des années 70, le rock n’existe pas en France. Il n’y a pas de locaux de répétition, de salles de concert, de maisons de disques intéressées… Et même pas, comme le dit Louis Bertignac, d’ingénieur du son capable d’enregistrer cette musique.
Mais c’est presque toujours le cas aujourd’hui ! En dehors de quelques moments, la France n’a jamais été rock. Quand les Insus ont tourné dans tout le pays, nous avons cherché des groupes de rock pour jouer en première partie et, franchement, il n’y en avait pas énormément. Presque encore moins aujourd’hui qu’a l’époque de Téléphone. Mais la variété française est toujours là. Pour nous, les Sardou, les Johnny représentaient ce qu’on appelait «le système», qui dominait les radios, la télévision, les maisons de disques. C’était notre ennemi. Le rock, c’était non seulement une rébel