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On y croit

Buzzy Lee, souffle de soie

Epaulée par Nicolas Jaar, la fille de Steven Spielberg sort un grand disque intimiste, entre jazz et pop électronique.
(Photo Brantley Gutierrez)
publié le 29 janvier 2021 à 17h26

Le premier album de l’Américaine Buzzy Lee est produit par Nicolas Jaar. Cela pourrait n’être qu’un détail si les chansons et la manière de les enregistrer, le fond et la forme de ce disque ne se sublimaient pas l’un l’autre. Chacun se hissant vers des sommets d’émotion. Le partenariat créatif entre ces deux amis de longue date accouche du grand disque intimiste de ce début d’année. Buzzy Lee est le nom d’artiste de Sasha Spielberg, la fille du réalisateur. Figure de la nouvelle scène électronique, le New-Yorkais Nicolas Jaar est le fils du photographe et plasticien chilien Alfredo Jaar, plutôt célèbre lui aussi. Etre des «enfants de» n’empêche pas (forcément) le talent.

Après quelques rôles mineurs au cinéma, une première collaboration sous le nom de Just Friend avec Nicolas Jaar en 2014 et un EP discrètement sorti en 2018, Spoiled Love est le véritable acte de naissance de Buzzy Lee, un pseudonyme choisi pour évoquer les années 50, Peggy Lee, Billie Holiday… Son univers cristallin oscille entre le jazz vocal et une pop délicatement électronique. Des chansons tendres et mélancoliques, dénudées à l'extrême et le plus souvent articulées autour d'un piano et d'une voix. Un souffle de soie plus qu'une voix d'ailleurs. Que la prise de son de Nicolas Jaar, à la fois toute proche et lointaine, contribue à sublimer. A travers ses micros et sa maîtrise du studio, la respiration de la chanteuse, ses silences et ses hésitations deviennent des instruments à part entière d'un disque en suspension d'un extrême raffinement. Tout est murmures et caresses, tandis qu'au loin résonnent quelques notes de clavier délicates comme des gouttes de rosée et bourdonnent d'étranges nappes synthétiques. Parfois, le tempo s'accélère, les arrangements s'enrichissent, mais le climat reste au gris. On songe à une Lana Del Rey neurasthénique qui aurait croisé la route de Marc Hollis, le leader esthète de Talk Talk. Un must velouté.

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