Dans la République phallanclitoroyale de Crevetterie, on a le choix entre deux marques de bière «phall'excellencielles» : la Tien'Bon et la Yako, disponibles en «format familial» d'un litre et demi. Le personnage principal, le raconteur d'histoires Mista AcaDa-Writa est un inconditionnel de la première. Comme dans une réclame des premières heures de l'histoire de la publicité (n'oublions pas «la pilule Pink pour les personnes pâles»), Mista AcaDa-Writa s'en réjouit : «Avec la Tien'Bon, je tiens bon.» Et il s'élève contre cette illusion largement partagée : les deux labels seraient équivalents. Certainement pas, «nom d'un phallanus !» : la Yako, passées les trois bouteilles, «peut vous ramollir même le plus puissant des étalons, vous enfollir jusqu'au plus rêveur des Raconteurs d'histoires». Et incursion d'un soupçon conspirationniste : «Ils doivent bien ajouter un truc en dedans de ça.»
Avec sa coiffure afro impeccable et ses souliers lustrés, Mista AcaDa-Writa pourrait passer pour un sapeur avec un pois chiche dans le cerveau. Mais pas du tout, c’est lui notre guide éclairé dans cette dictature de fiction, créée par l’écrivain d’origine camerounaise Max Lobe, établi depuis l’âge de 18 ans en Suisse. Dans ce cinquième roman publié par Zoé, l’auteur fait preuve d’une grande invention langagière, rabelaisienne, un bon coup de pied aux fesses des administrateurs coloniaux, inventeurs par anticipation obtuse du langag