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Critique

La maison mère d'Ann Patchett

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Une demeure trop belle, la solidarité d'un frère et d’une sœur pour la vie, la nouvelle énigme familiale de l’écrivaine américaine.
publié le 29 janvier 2021 à 17h31

Danny Conroy, bien qu’il aille jusqu’au bout de ses études de médecine, et qu’il réussisse très bien, a un but. Il veut devenir un entrepreneur comme l’était son père, acheter des immeubles, bâtir un empire et l’entretenir lui-même. Pourquoi tenir absolument à jouer les plombiers, les menuisiers et les électriciens lorsqu’on est le propriétaire ? A quel besoin de réparation cela obéit-il ? Anne Patchett laisse le lecteur se débrouiller avec la psychologie du personnage, puisque c’est Danny qui raconte. Il n’est pas le mieux placé pour éclairer son propre inconscient, d’ailleurs il n’en a aucune envie.

Par exemple, est-il trop attaché à sa sœur ? Encore une question que Patchett nous laisse trancher. Pour Danny, l’association qu’il forme avec Maeve, son aînée, est d’une évidence limpide parce que vitale : il n’a qu’elle. Les Conroy ne sont que deux. Même du vivant de leur père, c’était déjà Maeve qui s’occupait de son frère. Leur mère n’était plus là. Elle n’était pas morte, du moins pas qu’on sache. Elle avait disparu. Danny n’en a aucun souvenir. Quant à Maeve, elle est devenue diabétique à l’âge de 10 ans lorsque leur mère a quitté la maison.

Comme Orange amère, qui reparaît en poche (Babel), il s'agit d'une histoire de famille dont Ann Patchett dévoile les rouages secrets avec une précision d'acupunctrice. Deux choses l'intéressent : la manière dont le cours de la vie s'accommode du passé, et la manière dont elle va transmettre cette expérience pour que ce soit pal