«Les amateurs de poésie bucolique et de littérature propre et bien rangée sont donc prévenus d'éviter demain soir les Foufounes électriques… Ils courraient en effet le risque d'en ressortir profondément choqués par la liberté de style et de propos que Kathy Acker serait bien capable d'y afficher.» La recommandation émanait de la télévision canadienne – et le reporter en imper gris n'avait pas l'air très punk. 1986, le microcosme de la contre-culture montréalaise se préparait dans son temple à accueillir Kathy Acker, «la grande prêtresse de la nouvelle beat generation» new-yorkaise, ex-stripteaseuse à Times Square, romancière tatouée, poétesse piercée, militante féministe et queer avant l'heure. Elle avait 35, 39 ou 42 ans (selon les sources). Plus sûrement : deux ans avant, Sang et stupre au lycée avait signé son entrée dans la cour des grands par une intronisation chez Grove Press, maison de William Burroughs et d'Allen Ginsberg, premier éditeur américain de Jean Genet et du marquis de Sade.
Le livre, achevé en 1978, reste son best-seller et une parfaite introduction au système Acker, lequel consistait précisément à hacker la littérature en piratant et siphonnant les idoles (tout avait déjà été écrit) pour mieux dynamiter le champ des possibles jusqu'à la friche (quitte à perdre une partie de la critique en route). Virginie Despentes compte parmi ses admiratrices : «Je ne connais aucun autre auteur qui ait un tel souffle, une telle capacité à b