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Ralf Marsault, la ligne marginaux

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Un livre et une expo rassemblent le travail du photographe et anthropologue autour des Wagenburgen, campements berlinois de punks et de travellers, dans une juste approche humaniste.
«Samy», Pfarrstrasse, Berlin (1993). ( Photo Ralf Marsault. Editions Distanz)
publié le 29 janvier 2021 à 17h06

Aussi loin qu'il s'en souvienne - du moins à partir du jour où, apprenant son homosexualité, ses parents le mirent ex abrupto à la porte -, le photographe Ralf Marsault a toujours aimé voyager : les îles de la Société et les Marquises, sur les traces fantasmées de Gauguin et de Brel, les Etats-Unis dans les grandes largeurs, le Mexique, le Chili, l'Australie, l'Inde… Et puis un jour, Berlin, encore enclavée dans la RDA que, prolongeant l'«énergie prometteuse» du phénomène punk éclos à Londres à la fin des années 70, certains entrevoient comme un «archipel des alternatives, via la possibilité d'investir des espaces autorisant d'autres manières de vivre». Une périphrase qui mène bien sûr à la mouvance interlope des squats. Mais aussi, aux moins référencés et plus spécifiques Wagenburgen : des campements de camions et de caravanes qui vont durablement former des microcommunautés implantées au milieu de terrains vagues et néanmoins en plein cœur d'une ville où, malgré la mue urbanistique et la spéculation immobilière naissantes, il arrive encore de tomber sur des cratères hérités des bombes de la Seconde Guerre mondiale.

Immersions. Créant ainsi des «formes hétérotypiques», puisque à la fois géographiquement intégrées dans la société et farouchement repliées sur elles-mêmes, plusieurs dizaines de tribus investissent de la sorte des friches aménagées, la plus grande se situant sur la «zone» de Kreuzdorf. De