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Il est temps de penser à l’après-2021

Ce n’est pas parce que 2020 fut une année maussade, que les années qui arrivent le seront
Democratic presidential nominee Joe Biden gestures after speaking during election night at the Chase Center in Wilmington, Delaware, early on November 4, 2020. - Democrat Joe Biden said early Wednesday he believes he is "on track" to defeating US President Donald Trump, and called for Americans to have patience with vote-counting as several swing states remain up in the air. "We believe we are on track to win this election," Biden told supporters in nationally broadcast remarks delivered in his home city of Wilmington, Delaware, adding: "It ain't over until every vote is counted." (ANGELA WEISS/AFP)
publié le 31 janvier 2021 à 18h00

Je suis parti d’une phrase de Victor Hugo, qui dit que les plus belles années d’une vie sont celles que l’on n’a pas encore vécues. C’est un film sur la force du présent. Le passé, c’est comme serrer un mort dans ses bras, le futur, c’est un tel point d’interrogation, qu’il fait peur à tout le monde. Rien ne nous appartient, à part le présent. Le présent n’a pas le temps de vieillir.

J’ai 81 ans et je me suis jamais autant amusé. Je suis plus dans l’essentiel qu’avant. Quand on se rapproche de la lettre de licenciement, on a envie d’être dans l’essentiel. Et ce qui me semble essentiel, c’est l’amour. Tout le reste, ce sont des lots de consolation. L’amour donne un sens à la vie. Je pense que le sujet principal de l’humanité, c’est l’amour et le fric. Si l’on met l’amour en tête, on a des chances d’être heureux, si on met le fric en tête, on dérouille.

Un Homme et une Femme a changé notre vie et c’était intéressant que l’on revient régulièrement sur ses personnages, pour voir ce qu’ils sont devenus. Ils sont comme des gens que l’on aime bien et que l’on est content de revoir.

J’ai fait ce film parce que j’ai envie de le faire : c’est un film fou, parce que Jean-Louis Trintignant ne voulait plus tourner et Anouk Aimée avait peur. Nous avions tous peur : on avait peur de salir ce film, mais on se dit que si cette suite ne nous plaisait pas, on ne la sortirait pas. J’étais intimement convaincu qu’il fallait le faire parce que c’est une chance extraordinaire que l’on soit encore vivant tous les trois. Si le temps nous a permis de jouer les prolongations il faut en profiter, c’est toujours là que la partie devient intéressante.

La vie est comme une danse. On entre en scène, on apprend les pas, on se laisse porter, on compte les temps, et on tire sa révérence.

—  Virginie Grimaldi

Ce n’est pas difficile : c’est agréable. Ce sont des gens de la famille. C’est un peu comme si je prenais des nouvelles de mes enfants. Aujourd’hui, j’ai envie de finir mes histoires. Dans la vie, les histoires n’ont pas de début et de fin, il n’y a qu’au cinéma où l’on met le mot fin.

Ce qui est formidable, chez Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant, c’est qu’ils sont rentrés dans la troisième mi-temps. On a droit à deux mi-temps, en général : 40 ans la première, 40 ans ensuite. Après 80 ans, commence la troisième et on peut tout se permettre : c’est un cadeau. Ce qui m’a amusé, c’est de faire dire à Jean-Louis n’importe quoi. Jean-Louis Trintignant, à l’âge qu’il a, peut tout se permettre : c’est un galopin. Nous les hommes, ne sommes pas fiables : nous sommes menteurs, voleurs, tricheurs. Anouk Aimée, elle, est dans la fidélité.