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Têtes de gondole

Régionales : le RN à la pêche aux conservateurs

Mal parti pour réitérer le succès de 2015, le Rassemblement national, qui peine à s’implanter localement, espère séduire un électorat réfractaire aux alliances LR-LREM.
Nicolas Bay, le 2 octobre 2019, à Bruxelles. (KENZO TRIBOUILLARD/Photo Kenzo Tribouillard. AFP)
publié le 16 septembre 2020 à 18h16
(mis à jour le 16 septembre 2020 à 20h16)

Voilà des élections que Marine Le Pen se ferait une joie d’enjamber. Toute tendue vers le scrutin de 2022, pour lequel elle s’est déclaré candidate très tôt, la patronne du Rassemblement national n’attend pas grand-chose des régionales et départementales qui doivent se tenir en mars 2021.

Plus que jamais, semble-t-il, le RN peine à s’implanter localement, comme les résultats décevants des municipales l’ont encore souligné fin juin. Et trouver 8 000 candidats à aligner dans les 101 départements que compte la France risque de se révéler compliqué, dans un contexte où le RN continue de perdre des militants. D’autant que le parti compte bien s’épargner les ratés de la campagne de 2015, qui avait vu de nombreuses saillies racistes postées sur les réseaux sociaux de candidats investis par le Front national.

Marchepied

Aussi, lors de son discours de rentrée, le 6 septembre à Fréjus, ou dans ses interventions médiatiques, Marine Le Pen se contente d’effleurer le sujet, préférant mettre en scène le duel qui l’opposera, elle n’en doute pas, au président de la République en 2022. D’ailleurs, elle-même ne sera tête de liste nulle part, contrairement à 2015 où elle s’était présentée dans les Hauts-de-France face au LR Xavier Bertrand. A l’époque, le scrutin avait été érigé par le FN comme un marchepied vers l’Elysée et si aucun scrutin n’avait été remporté, le parti avait enregistré son meilleur score à une élection (6,82 millions de voix, davantage qu’à la présidentielle de 2012).

Il faut dire que les têtes d’affiches alignées en 2015 ne manquaient pas de notoriété : Marion Maréchal en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Louis Aliot en Occitanie ou encore Florian Philippot dans le Grand-Est. Le cru 2021 promet d’être plus sobre. Pour l’instant, les têtes de listes ne sont pas encore connues - le bureau exécutif doit plancher sur le sujet dans les prochaines semaines. Mais le député Sébastien Chenu est pressenti dans les Hauts-de-France et Nicolas Bay, proche de Marion Maréchal, a fait acte de candidature en Normandie. D’autres arbitrages seront chargés d’enseignements sur la stratégie électorale du RN.

Transfuge

Pour défier Renaud Muselier, président du conseil régional de Paca, le nom du sénateur Stéphane Ravier circule, en concurrence avec Thierry Mariani. Le député européen, venu de LR, aurait l’avantage d’être audible chez ses anciens camarades de droite, avec lesquels il a gardé des liens. Surtout au moment où Muselier, proche du maire de Nice, Christian Estrosi, laisse entrevoir une stratégie d’alliance LR-LREM pour sa région. Dans l’Occitanie voisine, un autre transfuge de l’UMP pourrait figurer en tête de gondole du RN : le député européen Jean-Paul Garraud, qui a déjà fait profiter Louis Aliot de son carnet d’adresses dans sa conquête de Perpignan.

Une telle stratégie d’union des droites lors des régionales ferait écho au scrutin de 1998, qui avait vu pas moins de cinq présidents de région (tous UDF) se faire élire avec les voix du RPR et du FN. Si, aujourd’hui, l’appareil Les Républicains renâcle à passer des accords avec l’extrême droite, le RN entend bien rameuter les électeurs conservateurs hostiles au macronisme. Bien aidé en cela par l’absence de leadership chez la droite républicaine.