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Médias

Droits télé du foot français : échec cuisant de l'appel d'offres de la Ligue

Sans Canal + ni BeIn Sports, aux abonnés absents, les droits télé du championnat français mis sur le marché ce lundi n'ont pas trouvé preneur.
Lors d'un match de Ligue 1 à Villeneuve-d'Ascq, le 7 janvier. (Photo Laurent Sanson. DPPI. AFP)
publié le 1er février 2021 à 19h34

N'y a-t-il personne qui veuille mettre le prix pour cette bonne vieille Ligue 1 ? Ce lundi, l'interminable feuilleton des droits télé du foot français a connu un piètre nouveau rebondissement à l'occasion de l'appel d'offres lancé par la Ligue de football professionnel pour la ré-attribution de 80% de la Ligue 1 et la Ligue 2 (soit les lots délaissés par le défaillant diffuseur Mediapro). Celui-ci s'est en effet révélé infructueux, comme l'a annoncé dans la soirée le président du syndicat des joueurs, Philippe Piat, membre du conseil d'administration de la Ligue. «Les offres des candidats étaient inférieures aux prix de réserve, fin du match», a-t-il précisé à l'AFP, avant d'ajouter que les négociations pour attribuer les droits se feront désormais de gré à gré.

Quatre candidats ont déposé des offres selon l'Equipe : le géant du web Amazon, la plateforme de streaming DAZN, le groupe Discovery (propriétaire d'Eurosport) et Jean-Michel Roussier, le directeur éditorial de Téléfoot, la chaîne de Mediapro. Ce dernier a participé à l'appel d'offres en son nom propre affirme l'Equipe,sans lien, donc, avec Téléfoot ni Mediapro. La LFP, qui espérait atteindre les 300 millions d'euros minimum avec les quatre lots réunis, a constaté qu'aucune candidature n'atteignait les prix de réserve d'aucun des lots. Même si un membre du conseil d'administration de la Ligue estime selon RMC qu'il y avait une «bonne surprise», l'offre d'Amazon via leur plateforme Prime Video. La LFP décidera dans les quarante-huit heures de la suite des événements.

«On aimerait que tout soit remis à plat»

Ce lundi, les principaux acteurs du marché français se sont surtout fait remarquer par leur absence. Entre 10 heures et midi, au moment de recevoir les offres, manquait ainsi à l'appel le protagoniste espéré : Canal +. La chaîne cryptée avait décidé de boycotter l'affaire, en accord avec sa position publique ces dernières semaines. «La vérité, c'est qu'on n'est pas très excités par cet appel d'offres, dit-on du côté de Vivendi. On sent une vraie décroissance d'intérêt chez le public. On aimerait que tout soit remis à plat plutôt que rafistolé.» Depuis la mi-janvier et une interview du patron de Canal +, Maxime Saada, dans le Figaro, le groupe demande que l'appel d'offres de la LFP concerne l'intégralité du championnat. Et voudrait donc, lui aussi, remettre en jeu son lot, qui concerne les 20% restants de la L1 et de la L2, et qu'il estime surpayer à 330 millions d'euros la saison.

Canal + a donc contesté récemment l'appel d'offres auprès du tribunal de commerce de Paris, jugeant le procédé mis en place par la LFP «anticoncurrentiel» puisque partiel. Une audience a été fixée au 19 février. Le groupe a aussi saisi l'Autorité de la concurrence la semaine dernière sur le même motif, ajoutant celui d'«abus de position dominante». La chaîne préfère donc forcer, par des moyens juridiques, la Ligue à repartir de zéro, plutôt que de s'engager dans un appel d'offres partiel.

Autre acteur de la diffusion sportive qui s'est fait remarquer par son absence ce lundi : BeIn Sports. La chaîne qatarie semble s'être définitivement rangée du côté de Canal + sur ce dossier, les deux étant liés par un accord de distribution exclusive du premier par le second. Enfin, Altice, propriétaire de la chaîne RMC Sport, n'a pas non plus formulé d'offre selon l'Equipe. Sans Canal +, BeIn Sports et RMC Sport, l'appel d'offres de la LFP n'avait pas de grandes chances d'aboutir. Pendant ce temps-là, la Ligue 1, qui devrait perdre 1,3 milliard d'euros cette saison, selon la LFP, en raison de la crise sanitaire et de celle des droits TV, patiente fébrilement.