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Apprentissage

Petits patrons et jeunes migrants : «Je ne pensais pas qu’en France un patron pouvait faire ça pour nous»

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L’histoire du boulanger qui s’est battu contre l’expulsion de son apprenti guinéen a mis en lumière nombre de cas similaires. Ces dirigeants de PME se mobilisent pour que soit offerte à ces jeunes la garantie de pouvoir finir leur formation en France, même une fois devenus majeurs.
Fabrice et Sadio sur un chantier au Mans (Sarthe), le 21 janvier. (Photo Théophile Trossat pour Libération)
publié le 31 janvier 2021 à 19h01

«En France, l’administration et la politique, c’est compliqué»

Sadio, Fabrice et Maryse, maçons au Mans (Sarthe)

Quand Fabrice Dugué a annoncé à ses employés qu'ils allaient accueillir Sadio Traoré, un exilé malien en apprentissage, certains jeunes de l'entreprise de maçonnerie ont tiqué. Dans la Sarthe, on est plus souvent confronté aux migrants à la télé que dans la vraie vie. «Ils avaient des a priori sur les migrants, des mauvais jugements sur le sujet. Même chez nous, en campagne, le racisme devient pire qu'avant, on revient en arrière sur plein de choses et ce n'est pas normal», se désole Maryse Dugué, sa femme. Petit à petit, ils apprennent à se connaître. «Le corps de Sadio est abîmé par les barbelés, il a des cicatrices, ça fait partie de son histoire. Quand les gars se changent après le boulot, ils voient ces blessures, ça les interpelle. Ils se demandent comment il s'est fait ça et forcément, ça prend aux tripes», poursuit-elle.

Sadio Traoré, 22 ans aujourd'hui, leur parle du Mali, ils en profitent pour comparer les deux cultures et s'ouvrir les uns aux autres. «Parfois, il nous appelle le dimanche pour nous demander si l'on veut manger un couscous qu'il a préparé. Il nous a apporté beaucoup de tolérance au sein de l'entreprise», assure la patronne. En avril 2019 pourtant, le jeune Malien reçoit un courrier du tribunal le suspectant d'avoir «usurpé l'identité de quelqu'un d'autre», assorti d'une obligation de quitter le territoire françai